Mis à jour le jeudi 3 février 2022 by Olivier Delahaye
Un groupement mené par Spie batignolles vient d’être choisi par la mairie d’Aubervilliers pour construire le centre aquatique qu’elle attend depuis quinze ans.
Voilà déjà pas mal d’années que le Fort d’Aubervilliers, longtemps pourri par la radioactivité, se cherche un devenir. Avant qu’une ZAC n’y soit créée en 2014, prévoyant l’aménagement d’un quartier mixte de 1 800 logements avec espaces verts, commerces et groupe scolaire, il était question d’y implanter un vélodrome au cas où, en 2001, Paris remporterait la course à l’organisation des Jeux olympiques 2008. Mais Paris fut battu à plate couture par Pékin et le vélodrome fut finalement construit à Saint-Quentin-en-Yvelines.
Coup d’épée dans l’eau
N’importe. En 2005, quatre ans après sa défaite de 2001, Paris remettait ça pour 2012. Cette fois, il était question d’une piscine olympique pour Aubervilliers, que l’État s’engageait à bâtir, victoire ou non. Paris perdit face à Londres, mais la piscine devait tout de même ouvrir en 2012. En 2008, le cabinet d’architectes Chaix & Morel en dévoilait les contours pour le compte de l’Établissement public d’aménagement Plaine Commune. Cinq bassins, dont deux olympiques, un centre de remise en forme, une fosse à plongeon, un centre de formation et un restaurant. Coût total : 65 millions d’euros. Un début des travaux en 2010 et un financement partagé entre l’État, la Région, Plaine Commune, le département de Seine–Saint-Denis, la Ville de Paris et la Fédération française de natation.
Finalement, l’État ne tint pas ses engagements. Le dossier « piscine » fut archivé. Les nageurs français brillaient dans toutes les compétitions internationales, glanant médailles et titres européens, mondiaux et olympiques, à l’image de Laure Manaudou, Alain Bernard ou Camille Lacour, mais le Grand Paris ne disposait toujours pas d’un équipement sportif digne de ce nom pour accueillir un événement majeur. De fait, la France n’a jamais organisé un championnat du monde de natation et son dernier championnat d’Europe date de 1987 à Strasbourg.
La piscine repêchée
Au début des années 2010, Aubervilliers s’impatientait et retrouvait l’espoir avec la troisième candidature de Paris qui s’amorçait en 2015. Un an plus tard, l’une des villes les plus pauvres de France dut déchanter face à une ville à peine plus riche qu’elle : c’est Saint-Denis, la voisine, qui fut désignée pour accueillir le centre aquatique olympique tant attendu. Rageant. Le Comité d’organisation des JO 2024 fit toutefois une fleur à Aubervilliers : en 2018, il lui promettait un bassin d’entraînement où s’échaufferaient les athlètes. Pas une piscine olympique, donc, mais un centre nautique tout de même, bâti autour d’un bassin de 50 mètres. À ce moment, le coût prévu est de 21,5 millions d’euros, porté principalement par l’État et le département de Seine–Saint-Denis. Car, située au sein du Fort d’Aubervilliers, la piscine est dorénavant vue surtout comme un équipement à rayonnement communal, un outil d’apprentissage de la natation auprès des jeunes dans un département où 50 % des moins de 12 ans ne savent pas nager.
Le 9 juin 2020, la Métropole du Grand Paris donnait le coup d’envoi des travaux du Centre aquatique olympique de Saint-Denis, dont elle est maître d’œuvre, sur la ZAC Plaine Saulnier. Trois mois plus tard, la ville d’Aubervilliers vient donc de désigner Spie batignolles pour réaliser son centre non olympique.

Ploufs et baignades
Intégrant la maintenance de l’équipement sportif durant 6 ans, le projet s’élève dorénavant à 33,6 millions d’euros. Il est dessiné par Chabanne Architectes et doit s’organiser autour de trois grands espaces :
– une halle polyvalente avec un bassin de 25 mètres pour l’apprentissage de la natation et les nageurs de tous niveaux ;
– une halle sportive avec un bassin de 50 mètres homologué pour l’accueil de compétitions internationales et disposant de gradins ;
– une halle de loisirs avec un bassin de faible à moyenne profondeur, un Splashpad (aire de jeux avec jets d’eau) et un Pentagliss (toboggan aquatique).
Le tout agrémenté d’un espace de fitness et de cardio-training, de saunas et hammams, d’un solarium, d’espaces végétalisés et d’une terrasse de 700 m2 en toiture d’édifice. Les travaux de terrassement devraient démarrer en mars 2021 pour une livraison prévue à l’été 2023.

[…] « Le Comité d’organisation des JO 2024 fit toutefois une fleur à Aubervilliers : en 2018, il lui promettait un bassin d’entraînement où s’échaufferaient les athlètes. Pas une piscine olympique, donc, mais un centre nautique tout de même, bâti autour d’un bassin de 50 mètres », explique ainsi la Métropole du Grand Paris. […]