Mis à jour le samedi 18 février 2023 by Olivier Delahaye
LISTICLE. La Direccte et l’Observatoire régional de santé (ORS) ont publié leur tableau de bord 2020 sur la santé au travail en Île-de-France qui relève les dernières données datant de 2017. L’amiante qui continue à faire des dégâts, le médico-social qui paie un lourd tribut ou encore la Seine-et-Marne en tête des accidents du travail font partie des enseignements.

29 : la Seine-et-Marne très impactée
En 2017, le régime général de sécurité sociale a enregistré pour l’Île-de-France près de 107 000 accidents du travail. C’est moins que partout ailleurs en France, sans doute à cause de la part importante des activités tertiaires dans la région. On retrouve d’ailleurs cette spécificité francilienne à travers les disparités qui existent entre les départements. Par million d’heures travaillées, les Hauts-de-Seine comptent 7,9 accidents du travail et Paris, 8,5. Or, tous deux comptent énormément d’activités tertiaires. De l’autre côté du spectre, on trouve la Seine-et-Marne où le taux d’accidents du travail est de 29 par million d’heures travaillées. Un département où les secteurs les plus accidentogènes (voir en-dessous) représentent 52 % des emplois. Le taux de gravité pour 1 000 heures travaillées y est aussi élevé : 2,2. Contre 0,6 pour Paris ou les Hauts-de-Seine.
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10 159 : le médico-social secteur accidentogène
Si une forte disparité territoriale existe quant aux accidents du travail, que dire des secteurs d’activité ? Le nombre d’accidents le plus élevé se trouve au sein du secteur du commerce & réparation d’automobiles et de motocycles : 19 390 accidents. Toutefois, il s’agit d’un secteur comptant 683 000 salariés. Avec 10 519 accidents pour 183 000 salariés, le secteur le plus accidentogène est l’hébergement médico-social. Son taux de fréquence, autrement dit le nombre d’accidents par million d’heures travaillées, atteint 36,6 points. Plus de deux fois le taux de fréquence francilien qui est de 14,1. Si l’on ajoute à ces deux secteurs, ceux du transport et de l’entreposage, de la construction et de l’hébergement et restauration, on atteint 74 % des accidents du travail pour 47 % des salariés.
4 pour 1 000 : assurances et finance touchées sur la route
Le secteur de l’hébergement médico-social paie aussi un lourd tribut en matière d’accidents de trajet : près de 12 accidents pour 1 000 salariés contre 5,6 en moyenne tous secteurs confondus. Comme l’écrivent les auteurs de l’ORS et de la Direccte, il faudrait sans doute analyser les facteurs de cette accidentologie : fatigue, conditions de travail, temps de transport, organisation des horaires, etc. De manière générale, l’Île-de-France se distingue en ce qui concerne les accidents de trajet, concentrant 30 % d’entre eux sur le territoire français et 19 % des décès. Densité de la circulation et durées de déplacements domicile-travail peuvent en partie l’expliquer. De fait, tous les secteurs économiques sont touchés. Y compris celui des assurances et de la finance qui, avec une fréquence de 4 accidents pour 1 000 salariés, est parmi les plus impactés.
46 % : les PME souffrent
Les entreprises de 20 à 200 salariés représentent 34 % des effectifs salariés franciliens, mais 46 % des accidents du travail. Soit quasiment un accident sur deux. Au contraire, les plus petites structures de moins de 19 salariés comme les entreprises de plus de 300 salariés connaissent des taux bien moindres : 25 % pour les premières, 21 % pour les secondes. Une explication peut se trouver dans la difficulté pour un patron de PME à pouvoir piloter tous les éléments qui entrent en compte dans son entreprise, dont l’aspect Santé sécurité au travail (SST). Les petites structures bénéficient d’un encadrement de proximité et les grandes entreprises sont dotées de moyens spécifiques pour le management de la SST.
6,6 % : l’amiante toujours en cause
6 151 maladies professionnelles ont été dénombrées en 2017 en Île-de-France. En proportion, c’est beaucoup moins que la moyenne nationale puisqu’elles représentent 13 % des maladies professionnelles nationales pour 25 % des salariés. En cause, en très grande majorité : les troubles musculo-squelettiques. Ils représentent 86,6 % des maladies déclarées. Un chiffre peu étonnant lorsqu’on lit par ailleurs que 7 Franciliens sur 10 sont exposés à des contraintes physiques, et principalement biomécaniques (station debout, piétinement, outils vibrants, manutention de charges, etc.). La deuxième cause est l’amiante : 6,6 % des maladies. Elle a concerné 405 personnes en 2017 pour des affections ou des cancers. Véritable fléau, l’amiante, dont l’usage est interdit en France depuis 1997, poursuit donc ses ravages. Sachant que le délai habituel entre le début de l’exposition à l’amiante et l’apparition d’une maladie est compris entre 20 et 40 ans, on estime que le nombre de morts pourrait atteindre 100 000 en France d’ici 2050.
65 % : le secteur de la santé très exposé
En 2017, 23 % des salariés franciliens étaient exposés à des agents chimiques et 20 % à des agents biologiques. Mais de fortes disparités existent selon les secteurs. Ce sont ainsi 65 % des personnes travaillant dans la santé humaine et le social qui sont exposées à des agents biologiques. Ils sont aussi 41 % à être exposés à des agents chimiques. Et si l’on observe ce qui se passe au niveau des catégories socioprofessionnelles, l’on voit poindre de fortes inégalités. 52 % des ouvriers sont exposés à des agents chimiques et 49 % des employés de service à des agents biologiques. Ces taux ne sont que de 4 et 6 % pour les CSP+.
7,6 : la construction endeuillée
Comparativement à la France métropolitaine, l’Île-de-France constate moins de décès liés à des accidents du travail : 2,1 par an pour 100 000 salariés contre 2,9. Toutefois, elle en enregistre encore 90 par an en moyenne sur la période 2008-2017. Un secteur est particulièrement touché : celui de la construction. Entre 2013 et 2017, il a enregistré en moyenne 7,6 décès par an pour 100 000 salariés. Il faut dire que l’accidentologie y est sévère (10 725 accidents en 2017) et le nombre d’incapacités permanentes, avec 325 cas, est le plus élevé de tous les secteurs. Si l’on ajoute à la construction le secteur industriel, on constate qu’ils regroupent le tiers du nombre d’accidents mortels. Depuis 2013 d’ailleurs, l’industrie inquiète par le nombre croissant de décès.