Mis à jour le lundi 22 juin 2020 by Olivier Delahaye
Les mesures d’Airparif et de Bruitparif tendent à montrer que les niveaux de pollution de l’air et de nuisances sonores ont fait leur retour dès les trois premières semaines de déconfinement. Toutefois, si ces niveaux avaient fortement chuté dès les premiers jours du confinement, leur augmentation est beaucoup plus progressive. Qui plus est, elle est aussi très localisée sur les grands axes routiers, le boulevard périphérique en particulier.
Côté air
Durant les deux mois de confinement, Airparif avait observé une très nette amélioration de la qualité de l’air en Île-de-France. La baisse très conséquente du trafic routier s’était soldée par une chute spectaculaire des émissions de dioxyde d’azote (NO2) : de -20 % à -35 % selon les semaines et jusqu’à -50 % le long du trafic. Les émissions de CO2, gaz à effet de serre, avaient baissé de -33 %. En revanche, compte tenu de leurs sources plus nombreuses (trafic, mais aussi agriculture ou chauffage) et pas seulement locales, l’impact du confinement avait été moins marqué pour les particules (PM10 et PM2.5) avec une diminution de -7 %.
À partir du 11 mai, date du début du déconfinement, le trafic routier a repris progressivement. Ainsi, les big data d’Apple Mobility Trends nous montrent qu’il a quasiment triplé entre le début et la fin du mois. Selon celles de Tomtom, spécialiste en géolocalisation, « le taux de trafic est (durant le même laps de temps, NDLR) quatre fois supérieur à celui observé les premiers jours de confinement, même s’il est moitié moins important qu’une journée type de 2019 ».
Conséquence : les émissions remontent en flèche. Airparif relève, entre le 11 et le 31 mai, une hausse pour les oxydes d’azote (NOx), les particules et le CO2 équivalent à 80 %des émissions observées avant le confinement.
Cependant, alors que la chute des émissions avait été aussi brutale que l’arrêt du trafic routier, leur hausse est progressive du 11 au 31 mai « enraison des différentes mesures toujours en vigueur (incitation au télétravail autant que possible, mobilités douces privilégiées, interdiction des déplacements au-delà de 100 kilomètres sans motif impérieux) », note Airparif.
Elle est aussi différenciée puisqu’elle atteint les 100 % (autrement dit un retour à la « normale ») certains jours sur le boulevard périphérique. Là aussi, les mesures prises par Paris et d’autres municipalités en faveur du vélo, avec l’aménagement de pistes temporaires, semblent jouer un rôle au regard de ce qui se passe sur le périphérique.
Enfin, en ce qui concerne les concentrations de polluants atmosphériques (autrement dit l’air que l’on respire à proprement parler), là aussi on assiste à un retour à la « normale » concernant les particules PM10 et PM2.5. « Pour le dioxyde d’azote (NO2), gaz issu de la combustion dont la source majoritaire en Île-de-France est le trafic, la baisse observée est passée de -25 % pendant le confinement à -15 % sur ces 3 premières semaines de déconfinement », note Airparif.
Côté bruit
Le confinement avait eu un impact considérable et immédiat sur les nuisances sonores urbaines. Que ce soit dans Paris intra-muros (jusqu’à -88 % du bruit du trafic), sur les grands axes routiers (jusqu’à -79 %), autour des aéroports (-87 % en moyenne de vols détectés) ou le long des voies ferrées (jusqu’à -86 % d’énergie sonore), la ville est devenue silencieuse.
Sur les trois premières semaines de déconfinement analysées par Bruitparif (entre le 11 et le 31 mai), les niveaux sonores sont remontés, mais avec de très fortes disparités. Autour des aéroports de Roissy et d’Orly, la situation a peu évolué avec un nombre de vols détectés qui est resté très faible. En revanche, le bruit des avions a fait son retour près de l’aéroport d’affaires du Bourget avec un trafic équivalent à 32 % du trafic habituel. Le bruit est aussi revenu près des voies ferrées, mais demeure moins fort qu’en situation habituelle : -38 %. Observation identique pour Paris, en ce qui concerne le trafic routier : -40 % d’énergie sonore en période diurne. La situation est tout autre pour les grands axes routiers dont le niveau sonore ne baisse que de 19 %. Autour du périphérique parisien, il est même quasiment revenu à la normale.
Bruitparif observe aussi une remontée très nette des niveaux sonores dans les quartiers animés, notamment à Paris. Et ce, dès le début du déconfinement, malgré la fermeture maintenue des bars et des restaurants. « Ce phénomène peut s’expliquer tout à la fois par la réappropriation de l’espace public, amplifiée par une météorologie clémente et l’activité de vente à emporter développée par certains établissements, ainsi que par le retour du bruit de fond généré par le trafic routier dans certains quartiers », explique Bruitparif.