Le futur onzième quartier de Nanterre est aussi un quartier de La Défense, un morceau urbain reliant les deux où les chantiers commencent à sortir de terre.

EN IMAGES. Derrière l’arche de La Défense, dos à la Seine, vous avez un cimetière, le cimetière de Neuilly, auquel est collé l’Arena, et puis il vous faut sauter un large sillon ferroviaire et vlan vous voilà dans la ZAC des Groues. Un futur quartier dont les frontières dessinent une goutte… ou une larme.
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L’opportunité du transport
La ZAC des Groues, c’est décembre 2016, lorsque l’Epadesa (devenu Paris La Défense), l’aménageur du quartier d’affaires, approuve sa création. L’enjeu : construire un nouveau quartier, le onzième de Nanterre, dans l’Ouest parisien. Le secteur fait 65 hectares, mais ça ne va pas, c’est enclavé, mité, et ces emprises ferroviaires qui ne servent à rien… Il y a des entreprises, certes, environ 200, mais avec un bâti diffus, mal emmanché, qui ne laisse quasiment aucune place au logement. Et puis il y a une opportunité : le transport. Bientôt, Eole (RER E) passera par là et ne fera pas que passer. L’ancienne gare de fret Nanterre La Folie va être aménagée pour le transport de personnes. Eole s’y arrêtera (sans doute en 2023), mais aussi la ligne 15 du Grand Paris Express (en 2030), puis sa ligne 18. L’accessibilité des Groues va faire un saut quantique.
Dans son rapport de présentation de la ZAC en 2016, l’EPADESA l’avouait même sans mal : même si des premiers diagnostics urbains avaient été posés dès 2005, suivis par des plans guides en 2008 et 2009, c’est « l’annonce de l’implantation des gares Eole et Grand Paris Express au sein du périmètre des Groues (qui) a fait entrer le projet en phase opérationnelle ».

Une ville, quoi
Cette gare d’interconnexion va donc changer bien des choses, faisant des Groues plus qu’un quartier : un lien urbain. On le sait, c’est l’obsession à La Défense : créer un territoire véritablement urbain, pas juste une esplanade avec des tours de bureaux dessus. Pour cela, il faut connecter, tisser, mailler. Les Groues représentent l’occasion pour le quartier d’affaires de se tourner vers l’ouest, lui qui a principalement la Seine pour horizon, et d’offrir un « continuum urbain » jusqu’à l’université Paris Ouest Nanterre.
Cela implique de dépasser le monofonctionnalisme du quartier, de pallier à l’absence de services et d’équipements publics et surtout : de faire venir des habitants. L’aménageur Paris La Défense en prévoit 10 500 et compte attirer 12 000 salariés grâce à plusieurs programmes tertiaires. Profitons-en pour enfiler les chiffres :
280 000 m2 de logements ;
210 500 m2 de bureaux ;
23 500 m2 de locaux d’activités ;
12 500 m2 de commerces ;
13 000 m2 d’hébergements hôteliers ;
30 000 m2 d’équipements publics.
Une ville, quoi. Mais des chiffres revus à la baisse par rapport aux ambitions initiales, qui prévoyaient, notamment, 340 000 m2 de logements ; la Ville de Nanterre ayant, par la voix de son maire Patrick Jarry, réclamé une réduction du programme de constructibilité pour faire la place à 4 hectares d’espaces verts publics.
La mue commence
Pour mettre tout ça en musique, en mars 2021, Paris La Défense a mis le projet dans les mains d’un urbaniste coordonnateur, HDZ Urbanistes Architectes. L’année 2021 a aussi vu l’ouverture de la Maison des projets dédiée à l’aménagement de la ZAC, la livraison d’un bâtiment phare du quartier et le démarrage de plusieurs chantiers.
Voici, par date de livraison, ce qu’il en est des premières installations
L’Archipel

Septembre 2021. Quatre mille salariés emménagent dans l’Archipel, le nouveau siège monde du groupe Vinci. Ce paquebot tertiaire construit par les architectes Jean-Paul Viguier et Marc Mimram fait office de figure de proue des Groues, symbole visuel, mais aussi locomotive économique du quartier. Signe de la fusion entre l’enjeu du bâtiment et la possibilité du transport, l’Archipel est en connexion DIRECTE avec la future gare du RER E Nanterre La Folie.
L’objet, composé de cinq bâtiments, fait 100 mètres de haut, développe 74 000 m2 de bureaux et 1 500 m2 de commerces.
Okko Hôtels et InDéfense


Mars 2022. Dans le prolongement de l’Archipel doivent être livrés incessamment deux programmes immobiliers dessinés par l’agence danoise 3XN. Le premier est un hôtel 4 étoiles du groupe hôtelier Okko Hôtels. Sur 9 étages, ses 184 chambres pourront accueillir les spectateurs de l’Arena et surtout la clientèle internationale de Vinci. Ou de… Vinci Immobilier puisque ses équipes occuperont le nouvel immeuble tertiaire de 10 000 m2 et 7 étages baptisé InDéfense.
Le Balcon

Courant 2023. Pour ce qui est du génie civil, les travaux ont commencé en octobre 2021 pour cette promenade plantée de 70 arbres et de 800 mètres de long. Elle longera les voies du RER E, accueillera des circulations douces et offrira des vues sur les tours de La Défense, qui, elles-mêmes, devraient offrir des vues sur le Balcon.
Flora

Janvier 2024. Pour le promoteur Woodeum, l’agence d’architecture Calq a lancé, en décembre 2021, les travaux de ce programme mixte en structure bois de 8 500 m2. Il s’agit du lot 4 de la ZAC qui compilera 88 logements (évalués à environ 5 000 euros le m2) sur 7 niveaux, un plateau de bureaux (en R+1) et 4 commerces, ainsi qu’un jardin partagé, en rez-de-chaussée.
Forêt des Groues

Mars 2024. Attention, il ne s’agit pas vraiment d’une forêt, mais d’un programme immobilier participatif de 6 bâtiments et 148 logements. D’une certaine manière, le mot « forêt » exprime symboliquement le foisonnement devant émerger du processus imaginé, qui plus est, sous plusieurs modes : une coopérative de 8 logements où les habitants sont collectivement propriétaires et gestionnaires ; un immeuble de 20 logements réalise en co-conception ; une participation libre quel que soit le parcours résidentiel. Le projet prévoit aussi des espaces partagés et une crèche. Les travaux ont commencé en novembre 2021.
West Village

Juin 2024. Les travaux viennent de démarrer pour cette grosse tranche qui prévoit 8 bâtiments et 244 logements, où interviennent deux promoteurs et cinq agences d’architecture. L’offre de logements y sera donc particulièrement variée, avec balcons, terrasses et jardins privatifs. On y trouve aussi une opération en bail réel solidaire pour 34 logements.
Hélios

Juin 2025. Pour le groupe Panhard et Bricqueville, l’architecte Nicolas Laisné a concocté un programme immobilier dont les travaux ont été lancés en novembre 2021. La commercialisation devrait être effective sous peu. Il s’agit d’une résidence de 16 étages avec plein de balcons. Quatre-vingt-quatorze logements la composent, du studio au 5 pièces. Hélios est aussi fait pour s’intégrer à un lot qui englobera des bureaux et une école d’enseignement supérieur.
