Mis à jour le dimanche 19 février 2023 by Olivier Delahaye
Entretien avec Bastien Mérot à propos de la création de la Métropole du Grand Paris.

POINT DE VUE. Bastien Mérot est l’un des fondateurs du projet participatif Les Mystères du Grand Paris, « feuilleton créatif qui dévoile Paris et sa banlieue ».
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Que vous inspire la création ainsi faite de la Métropole du Grand Paris ?
De mon point de vue, la création de la Métropole du Grand Paris s’inscrit dans un long continuum historique fait d’expansions progressives du centre parisien vers sa périphérie. Elle est la première pierre à une nouvelle absorption de la banlieue par Paris, qui rappellera, si elle advient, l’annexion des faubourgs par Paris en 1860. La mise en échec de la vision d’une « métropole marguerite » assise sur des pôles de centralités en banlieue est le signe d’une permanence historique qui dépasse les volontés politiques.
C’est en tout état de cause le sens des Mystères du Grand Paris que de s’inscrire dans cette filiation avec le roman feuilleton d’Eugène Sue, écrit à la veille des travaux d’Haussmann et de l’extension de Paris. Nous considérons que la création de la Métropole du Grand Paris est, avec la construction du Grand Paris Express, le deuxième marqueur d’une évolution autant symbolique que concrète qui va prochainement transformer la vie et les imaginaires urbains en région parisienne.
Au premier janvier 2016, l’évolution institutionnelle sera d’ailleurs davantage symbolique que concrète, pour le commun des mortels : mais cette symbolique est déjà considérable.
Que peut-on attendre de cette Métropole ?
Il est difficile de nourrir de grandes attentes vis à vis d’une institution qui sera dotée de très faibles moyens d’action, et qui rayonnera sur un périmètre restreint au regard de la réalité des bassins de vie « grand-parisiens ». Si l’on doit cependant attendre quelque chose de l’institution, ce serait, rapidement, d’accompagner son émergence d’un travail sur la culture et les cultures grand-parisiennes. Il y a peu de chance que cette institution prenne de la force si elle n’est pas adossée au sentiment d’une réalité vécue et partagée à son échelle.
Quelle vision du Grand Paris défendez-vous ?
Avec les Mystères du Grand Paris, la vision que nous portons du Grand Paris n’est pas celle d’une institution, mais celle d’une situation existante : un clivage Paris / banlieue caricatural, qui se fracture progressivement sous l’effet de transformations sociétales et urbaines spectaculaires. Il revient donc, de notre point de vue, aux artistes de faire connaître cette réalité, de donner à voir ces transformations, de faire rêver les habitants du Grand Paris. C’est un préalable indispensable que de faire connaître et faire voir, avant que des habitants puissent élaborer un sens commun, voire se sentir partie prenante d’une institution nouvelle.