COVID 19-L’impact sur les mobilités

Mis à jour le jeudi 14 mai 2020 by Olivier Delahaye

Kisio, filiale de Keolis, liée à la SNCF a publié une étude en partenariat avec le cabinet Roland Berger sur l’impact du confinement sur les mobilités. Fondée sur les données collectées des téléphones mobiles de 1 million de personnes (avec leur consentement), l’enquête s’est répartie sur toute la France entre le 1erfévrier et le 31 mars 2020.

Premier enseignement : les déplacements ont diminué. Certes. Ce n’est pas comme si on ne l’avait pas vu à l’œil nu. Heureusement, l’étude va un peu plus loin et note une diminution de 74% de la mobilité entre le jeudi 12 mars, date de la première allocution du président de la République à propos de l’épidémie de coronavirus, et le lundi 30 mars, avec quelques variations (voir graphique ci-dessous).

Le graphique dévoile aussi deux éléments d’importance. Tout d’abord, une hausse très nette des déplacements dès le lendemain de l’annonce présidentielle suivie d’une chute encore plus nette dans les jours qui ont suivi, la mobilité ayant déjà baissé de 28% avant l’annonce du confinement puis de 56% dès les lendemain, au premier jour du confinement. Ce qui semble vouloir dire que les Français avaient largement anticipé ce confinement et qu’ils l’ont suivi très vite à la lettre. La hausse des déplacements du vendredi 13 mars indique sans doute un exode important des Parisiens et habitants des autres grandes villes et peut expliquer, en partie, l’absentéisme record (55%) du premier tour des élections municipales du dimanche 15 mars.

L’exode des Parisiens est d’ailleurs un sujet qui a, alors, beaucoup fait parler. Sans être massif, il est tout de même de taille puisque 285 000 d’entre eux sont partis, soit 13% de la population : 7% vers un autre endroit de l’Île-de-France et 6% hors Île-de-France. Les Franciliens sont, eux, 305 000 à avoir émigré (2,5%). Et puisque les Parisiens sont inclus dans ce chiffre, cela veut dire que 93% des émigrés franciliens face au coronavirus sont des Parisiens.

D’ailleurs un autre graphique de l’étude (ci-dessus) vient confirmer cet exode. Tandis que les déplacements en France restent constants entre le 11 et le 12 mars (baseline à 100 pour tous les déplacements), ils augmentent nettement en région parisienne pour ensuite suivre la courbe nationale trois jours plus tard. Les Franciliens auraient-ils été encore plus prévoyants que les Français ? Il est clair, en tout cas, que la région la plus congestionnée de France en matière de déplacements, est aussi celle qui a connu la baisse la plus importante (voir carte ci-dessous).

Sans doute la dominante des transports publics y est pour beaucoup, tant les Franciliens ont dû délaisser bus, métros et RER pour éviter la promiscuité et la contagion. Cette hypothèse est confirmée par l’étude qui note une baisse de 86% de la fréquentation des transports en commun en Île-de-France entre le 4 mars et le 18 mars. Durant la même période, le déplacement en véhicules individuels n’a lui décru « que » de 72%, ce qui a eu pour effet d’augmenter la part modale des véhicules individuels de 10% au sein des déplacements franciliens.

D’un point de vue environnemental, cette augmentation relative du nombre de véhicules en période de confinement fait craindre le pire dans le cadre d’un déconfinement même lent et progressif, à partir du moment où les mesures de distanciation physique vont rendre l’utilisation des transports en commun très contraignante (« La circulation du métro à Paris sera drastiquement réduite » a ainsi explique le Premier ministre, Édouard Philippe, le 28 avril). Et ce, même si, comme l’écrit le journal Le Monde, « la crise du coronavirus pourrait stimuler l’électrification de l’automobile ».

Trafic routier à Paris le 11 mars (à gauche) et le 18 mars.

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