Déchets : le hic, c’est le plastique

Mis à jour le dimanche 13 mars 2022 by Olivier Delahaye

DOCUMENT. L’Observatoire régional des déchets d’Île-de-France s’est penché sur le cas des déchets plastiques à travers un état des lieux inédit. Volumes énormes, taux de recyclage très bas, filière dispersée… Faire entrer le plastique dans une économie circulaire vertueuse va demander des efforts.

Il y a l’ambition : 50 % de déchets plastiques recyclés en 2025 en Île-de-France. Et il y a la réalité des chiffres, guère folichons : 14 % aujourd’hui. « Le potentiel d’amélioration est donc important » signale l’étude de l’Observatoire régional des déchets d’Île-de-France (ORDIF) qui publie une Note rapide sur le sujet. On ne saurait mieux dire.

La civilisation du plastique

Le plastique est partout. Chez les ménages, les équipementiers automobiles, dans le commerce, le BTP, les services, il est chez les agriculteurs, les industriels, les professionnels de l’ameublement. On en trouve disséminé dans les batteries de voitures, les chariots élévateurs, dans les smartphones, les dispositifs médicaux, les articles de sport. Sacs de chantiers ? Plastique. Film étirable pour palettes ? Plastique. Pots de yaourt ? Plastique. Pare-chocs de voiture ? Plastique. Le plastique est partout. Et il prend de ces noms ! Polypropylène. Polychlorure de vinyle. Polyéthylène basse densité ou haute densité. Polystyrène expansé. Acrylonitrile. Butadiène. Il en prend d’autres, plus spécifiques quand il devient déchet (avec acronymes à la clé) : résidus de broyage automobile (RBU), déchets d’éléments d’ameublement (DEA), déchets d’activité économique (DAE), déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), etc.

Trois millions de bouteilles d’eau dans l’eau

Il est partout et question déchet, il gagne en volume. Dans le monde : 300 millions de tonnes en 2015. En Île-de-France : 860 000 tonnes, dont 120 000 tonnes parviennent tout de même à être recyclées. Soit 14 %, contre 24 % au niveau national. Ils sont d’abord, et en très grande proportion, soit incinérés (à 43 %), soit enfouis (à 34 %). Le restant part au gré du vent, ou des dépôts sauvages. Selon l’ORDIF, ce sont ainsi 17 000 tonnes de déchets plastiques qui s’accumulent chaque année dans les sols et les milieux aquatiques. Avec, pour certains d’entre eux, une durée de vie avoisinant le millénaire. Sur les 150 tonnes de déchets plastiques que la Seine relargue par an, 110 tonnes sont franciliennes. L’équivalent de 3,3 millions de bouteilles d’eau.

Casse-tête

Pour quelle raison le plastique se recycle-t-il si peu ? À cause de son abondance d’abord, notamment en ce qui concerne les emballages à usage unique. Omniprésents, ils sont un véritable casse-tête tant de par leur diversité que de par leur complexité : des résines combinées à d’autres, associées entre elles, recouvertes d’un opercule en aluminium ou d’un bouchon d’un autre matériau. Pour autant, Citeo, l’éco-organisme chargé des emballages ménagers, considère que deux tiers de ses emballages peuvent se recycler sans problème. Pour le reste, environ la moitié est concernée par des filières de recyclage en développement et l’autre moitié devrait évoluer vers de nouveaux modes de conception. Au total, il resterait 1 % des emballages sans solution de recyclage. Un réel espoir, donc.

Toutefois, une autre difficulté réside dans l’extraordinaire dispersion de ces gisements avec « des filières aux modes de collecte très différents ». Ajoutons à cela une industrie du recyclage encre faiblarde. L’Île-de-France possède certes 58 centres de tri (dont 21 dédiés aux emballages ménagers), mais elle pèche en ce qui concerne la préparation au recyclage : en tout et pour tout quatre installations de transformation. Idem en ce qui concerne les régénérateurs, qui trient finement les plastiques, les lavent, les broient en paillettes ou les fondent en granulés et en poudres pour une réutilisation en plasturgie. Il n’en existe que deux en Île-de-France, contre quarante en France.

Rassembler tout ça

Côté solutions, il y a, Grand Un : consommer moins de plastique en développant les circuits courts, en encourageant le vrac, la réparabilité et l’écoconception. Grand Deux : améliorer le tri des ménages. La région Île-de-France lancera ainsi en 2022 un appel à projets « Île-de-France Zéro Plastique » qui doit « permettre d’accompagner les projets et changements de pratiques nécessaires à la réduction des plastiques à usage unique, à l’amélioration du triet du recyclage, à la création de boucles locales d’utilisation / réemploi des plastiques… ». Grand Trois : réinventer la collecte et mieux structurer la filière. L’enjeu étant de passer d’une simple gestion de ces déchets à une véritable économie de la ressource.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.