Mis à jour le dimanche 13 mars 2022 by Olivier Delahaye
CARTOGRAPHIE. Alors que le sort des Régions occupe l’espace politique, nous republions ici la carte qui accompagnait l’interview du politologue Denys Pouillard qu’il nous avait gracieusement envoyée.
Cette carte élaborée par Michel Debré en 1946 recréait 46 départements à partir des 96 issus de la Révolution française. Les Régions, alors, n’existaient pas. « C’était une vraie projection de l’avenir, explique Denys Pouillard, car elle tenait compte de la réalité géographique. Quand j’ai repris cette carte récemment, je me suis aperçu que nous pouvions redécouper 35 des départements actuels. Cela rendrait plus pertinentes les prises de décision car, si l’on y regarde de près, on s’aperçoit que ces nouveaux départements sont d’authentiques départements de vie qui prennent en compte une réalité sociale et démographique. Un département qui comprendrait l’Aveyron, la Lozère et le Cantal, par exemple, ne serait pas une ineptie. Si vous regardez la situation de Château-Thierry dans l’Aisne, vous vous apercevez que la ville a plus de logique à être rattachée à la Marne qu’à la Picardie. »
« Tout cela manque de ragoût »
Dans ses mémoires, en 1984 (Trois Républiques pour une France – Albin Michel), Michel Debré explique : « Je m’interroge : la région est trop vaste, le département sinon toujours, en tout cas fréquemment inadapté. La région est un risque grave pour l’État, le département est, dans de trop nombreux cas, une circonscription inapte à assurer une action économique cohérente. Ne peut-on trouver une solution intermédiaire ?… Ne faut-il pas également rajeunir notre organisation municipale… J’imagine donc de remplacer notre vieille législation uniforme par trois statuts : communes, villes moyennes, grandes agglomérations. »
Il y raconte aussi son entretien avec le général de Gaulle : « Ils n’accepteront jamais », lui dit- il… Puis le général lui rend la carte sans lui répondre et tandis que Debré l’enroule, il lui exprime ses doutes : « Tout cela manque de ragoût », lui répète-t-il, encore … « J’aurai voulu pouvoir le convaincre que la renaissance de l’État avait du ragoût… », commente Michel Debré.