
Gilles Poux, maire de La Courneuve, a décidé d’interpeller les candidats à l’élection présidentielle à propos des inégalités territoriales. Avec l’économiste Thomas Porcher, il leur soumet une liste de dix propositions et attend leurs réponses.
Le maire de La Courneuve (93), Gilles Poux, persiste dans son combat contre les inégalités territoriales. En 2019, il publiait avec l’économiste Thomas Porcher, L’Atlas des inégalités territoriales, identifiant alors 18 engagements pour y remédier.
Le 93, durement touché
Un an plus tard, l’épidémie de coronavirus révélait l’amplitude de ces inégalités en Île-de-France. En Seine-Saint-Denis, la surmortalité était terrible, s’établissant à + 129 %, deux fois plus que dans les Yvelines (+ 67 %) ou en Seine-et-Marne (+ 65 %). En parallèle, on constatait que les habitants du 93 officiaient dans les secteurs d’activités les plus exposés à l’épidémie : 16,2 % des agents hospitaliers, 18,7 % des caissiers et des vendeurs, 21,6 % des livreurs et 15,4 % des aides-soignants de la région Île-de-France habitent en Seine-Saint-Denis. De la crise sanitaire émergeait aussi des chiffres accablants pour La Courneuve : 5 fois moins de professionnels de santé qu’à Paris ou encore 1 conseiller Pôle Emploi pour 200 chômeurs
Dix propositions
À l’occasion de l’élection présidentielle 2022, Gilles Poux et Thomas Porcher ont donc décidé d’interpeller les candidats. « Nous souhaitons que les habitant·e·s de quartiers populaires, des territoires ultramarins et ruraux, ne soient plus ignoré·e·s et invisibles. Ils et elles sont exposé·e·s, et nous le savons particulièrement à La Courneuve, à des difficultés importantes. Au moment où se dessinent des perspectives pour les années à venir, nous avons pensé nécessaire de faire entendre leurs voix. Nous voulons créer les conditions pour que cette élection soit un tremplin pour l’avenir », déclare notamment Gilles Poux.
Accompagnant une lettre, une grille de 10 propositions (parmi les 18 de l’Atlas) a été envoyée aux candidats afin « de mettre en avant leurs points de vue sur le rétablissement de l’égalité républicaine. Leurs réponses et leurs propositions subsidiaires seront publiées, in extenso, sur la plateforme egaliteterritoriale-2022.fr.
Les propositions
La refonte du système de financement, avec :
– La création d’un fonds d’égalité territoriale, fléché vers les villes éligibles à la dotation de solidarité urbaine (DSU) et rurale (DSR).
L’éducation et l’enseignement, avec :
– Le dédoublement des classes de sixième et de seconde ;
– La mise en place d’un service public d’éducation à la langue française, à destination des adultes – cette disposition est adossée à la création et au déploiement d’un plan national de lutte contre l’illettrisme.
L’enfance, avec :
– Le lancement d’un service public de la petite enfance, qui se traduit, dès le plus jeune âge, par un accompagnement éducatif et socio-économique, notamment à travers l’identification, par les pouvoirs publics, de solutions de garde.
L’emploi et la mobilité, avec :
– La création d’emplois “réussite” au sein des grandes entreprises, qui bénéficient des dynamiques de développement des territoires ;
– La mise en place de la gratuité des transports en commun à l’échelle du territoire national.
La santé, avec :
– L’élaboration d’un fonds d’incitation à l’installation de médecins en zones déficitaires.
L’environnement, avec :
– La création d’un fonds de réparation environnemental pour compenser les aménagements du territoire imposés par l’État.
La culture, avec :
– Le déploiement des dispositifs expérimentaux d’éducation artistique et culturelle dans les territoires faiblement pourvus.
Les violences faites aux femmes, avec :
– L’instauration de services dédiés et l’investissement massif pour en finir avec les violences conjugales : établir des tribunaux formés à la lutte contre les violences faites aux femmes, investir pour mettre fin aux violences conjugales en formant les professionnels qui peuvent être en contact avec des femmes victimes et tripler les places d’hébergement spécialisé. [Proposition initialement formulée par la Fondation des femmes.]