Mis à jour le samedi 18 février 2023 by Olivier Delahaye
Point d’étape du parcours résidentiel des seniors, la résidence autonomie est très bien représentée en Île-de-France, notamment dans la zone dense. Elle est aussi ancienne et peu renouvelée alors que les besoins des personnes âgées évoluent.
La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) vient de publier une analyse statistique sur les prix des résidences autonomie. Autrefois appelés logements-foyers, ces établissements font généralement le lien entre le domicile et l’EHPAD. Ils ont en effet pour vocation d’héberger des personnes âgées autonomes ou en légère perte d’autonomie. La CNSA évalue à environ 2 300 le nombre de ces résidences en France (métropole et outremer). La loi de 2016 sur l’adaptation de la société au vieillissement ayant rendu obligatoire la transmission de leurs données à la CNSA, celle-ci a donc pu effectuer une analyse de leurs prix sur 1 500 d’entre elles (soit 120 000 places d’hébergement).
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Extraordinairement hétérogène
Avant la question du coût, la CNSA s’est intéressée à l’offre, constatant d’abord un taux d’équipement général relativement faible : pour 1 000 personnes âgées de plus de 75 ans, la France dispose de 19 places d’hébergement. Faible, mais aussi extraordinairement hétérogène. La Corse, La Réunion et Mayotte n’ont aucune résidence autonomie sur leur île. Le département des Landes dispose de 0,45 place pour 1 000 personnes quand la Seine-Maritime caracole en tête avec 49,23 places. Trente-quatre départements dépassent la moyenne nationale contre 63 qui sont en dessous. Plus choquant encore : des pans entiers du territoire national présentent un large déficit comme la Bourgogne ou le Sud-Ouest.
Publique, urbaine et bon marché
Si l’on devait dresser un portrait type de la résidence autonomie, celle-ci aurait ce visage : implantée dans un centre urbain dans les années 1970, de statut public, comptant 50 résidents et proposant en grande partie des studios de type F1 bis (avec cuisine isolée). Toutefois, les choses tendent à changer. Après 20 ans de construction intense, entre 1971 et 1990, les agglomérations ont largement baissé le pied quand le rural, lui, augmente ses capacités (voir graphique). Les résidences privées non lucratives dament le pion au public. Et la construction de logements avec kitchenettes (F1) dépasse dorénavant largement celle des F1 bis.
Quant au coût, il est lui aussi très variable. Mais bien plus faible qu’un hébergement en EHPAD. Le prix médian mensuel pour ce dernier s’établit à 2004 euros en 2019. Pour un F1 bis en résidence autonomie, le prix médian est trois fois moindre : 643 euros. Il monte à 688 euros pour un F1 et à 787 euros pour un F2.
L’Île-de-France un tantinet à part
En termes d’implantations, l’Île-de-France est, avec la Normandie, l’une des régions les mieux pourvues puisqu’elle classe 4 départements (Paris, Essonne, Val-de-Marne, Val-d’Oise) dans le Top 10 de ceux ayant le taux d’équipement le plus élevé. Au niveau régional, ce taux atteint 31 places pour 1 000 personnes âgées de plus de 75 ans.
L’annuaire des résidences autonomie que tient à jour la CNSA dévoile plus précisément ces résidences, dont le total se porte à 428 (275 dans le Grand Paris). Une très grande majorité d’entre elles sont de statut public (313) quand un quart (112) sont de statut privé non lucratif. La plupart (261) proposent des F1 bis, de plus en plus concurrencés toutefois par les F1 (187 établissements) et près de la moitié (201) propose des F2. Si l’on prend en compte les F1 (avec kitchenette), les prix s’étalent de 291 euros/mois pour le prix plancher (en Seine-Saint-Denis) à 3 491 euros/mois pour la résidence la plus chère (dans le 16e arrondissement de Paris). Pour autant, concernant ces F1, le prix médian francilien de 609 euros/mois est bien en dessous du niveau national (688 euros/mois). L’Île-de-France possède d’ailleurs une particularité puisque le coût des F1 y est plus faible que celui des F1 bis (660 euros/mois). Plus étonnant encore, les prix médians, qu’ils concernent les F1, F1 bis ou F2, sont tous plus faibles à Paris qu’au plan national (respectivement 666 euros/mois, 591 euros/mois et 691 euros/mois). Une « étrangeté » qui s’explique…
Plus vieux, moins de services
C’est une caractéristique de l’Île-de-France, et particulièrement de la capitale : l’ancienneté de son bâti. En 2016, une enquête nationale de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) révélait ainsi que 91 % des résidences franciliennes dataient d’avant 1990. Soit 9 % du parc construit depuis 30 ans ! Aucune autre région ne possède un taux aussi faible ; la Normandie, seule, s’en rapproche avec 13 %, ce qui montre en la matière la gémellité des deux régions. Mais la moyenne nationale s’élève, elle, à 24,5 %. Or, l’analyse statistique de la CNSA explique bien que les résidences les plus anciennes sont aussi celles offrant le moins de services. Depuis le 1er janvier 2021, onze prestations ont été rendues obligatoires aux résidences autonomie. Force est de constater que parmi celles datant d’avant 1990, 48 % seulement intègrent l’ensemble de ces prestations. Ce sont ces prestations qui font grimper la note ; les auteurs de l’étude de la CNSA détaillant : « Cinq prestations varient significativement selon l’ancienneté du bâti : “Télé-assistance“, “Accès à un service de blanchisserie par tous moyens“, “Internet dans les locaux (pas obligatoirement dans les logements)“, “Accès aux animations collectives et aux activités organisées dans l’enceinte de l’établissement“ et “Mise à disposition et entretien de locaux collectifs“. »
Pour exemples, la résidence autonomie services Beaunier dans le 14e arrondissement de Paris, gérée par le Centre d’action sociale Ville de Paris, ne propose pas un seul F1 à moins de 1046 euros/mois, mais inclue 10 prestations sur les 11 obligatoires ; toujours dans le 14e, les Logements Delbey, du même Centre d’action sociale, mettent à disposition des F1 à partir de 407 euros/mois, n’incluant que 7 prestations.
L’avènement des MARPA
Ainsi, pour la CNSA, « deux modèles de résidences autonomie semblent se dessiner : des résidences anciennes, de statut majoritairement public, situées en milieu urbain, proposant des prix moins chers, mais avec très peu de prestations axées sur les nouvelles technologies et des résidences plus récentes, majoritairement de statut privé associatif, localisées en milieu rural, qui ont émergé dans les années 90, de type MARPA. » En Île-de-France, c’est encore très largement le premier modèle qui domine. Et les MARPA (Maisons d’accueil et résidence pour l’autonomie) dont il est question concernent avant tout les territoires ruraux. Il s’agit de petites unités accueillant moins de 25 résidents et proposant une offre très complète de services. Elles sont donc aussi plus chères. Sept existent aujourd’hui en Île-de-France, uniquement dans les départements de grande couronne.
Plus vieux, plus de services
L’attractivité des MARPA réside en partie dans la taille de leur structure qui promet plus de convivialité et des liens sociaux resserrés, qu’il s’agisse des relations entre les résidents ou entre les résidents et les professionnels qui les accompagnent. En 2018, des chercheurs lyonnais emmenés par Pierre-Marie Chapon publiaient un article dans la revue Gériatrie et Psychologie Neuropsychiatrie du Vieillissement dans lequel ils rendaient compte d’une analyse territoriale sur plusieurs EHPAD et résidences autonomie. Pour ces dernières, les relations sociales étaient, avec la santé, les éléments les plus plébiscités par les résidents. Quant à la question sur le choix de l’établissement, son coût venait en tête, avant la proximité de la famille ou celle des commerces et services.