Garches, au cœur de la bataille de Buzenval

Mis à jour le samedi 6 juin 2020 by Olivier Delahaye

https://www.flickr.com/photos/grand_paris_metropole/albums/72157660683484969/

EN IMAGES. Garches est mentionnée pour la première fois dans un texte datant de 1063 sous la forme de Garziacus. Certains étymologistes attribuent l’origine de ce nom au mot  » Garz  » (petit taillis) qui viendrait lui-même de  » Harz « . D’autres pensent qu’il s’agirait plutôt de l’influence du mot latin  » Quercus  » (chêne) indiquant ainsi l’abondance de cette essence dans les forêts anciennes, d’où la feuille de chêne qu’on peut voir dans le blason de la commune.

Les premières traces d’habitats, trouvées au début du XXème siècle dans une sablière datent des époques paléolithiques et néolithiques.Si les premières mentions de Garches datent de 1170, c’est au XIIIe siècle, à l’époque de Saint-Louis. qu’on a réellement des informations sur la vie de ce petit village qui est situé au cœur de vignes, à 5km de Paris une demie lieue du bourg de Saint-Cloud et sur une des grandes routes de Normandie.

En 1298, 20 ans après la mort de Louis IX, et 1 an après sa canonisation, le Seigneur Robert de la Marche, ancien aumônier de Saint-Louis qui possède un terrain à Garches y fait construire une chapelle qui est la première église au monde dédiée au Saint Roi. Comme il ne s’agissait tout d’abord que d’une chapelle sans collatéraux, bâtie fort simplement, il ne fallut pas 3 mois pour l’achever et la dédicace put en être faite le 3 juin 1298, mardi d’après la Trinité. On peut voir une pierre commémorative de cette construction au-dessus de la porte de la sacristie où est inscrit « En l’an de grâce 1298, le vendredi après reminscère assist en l’anneur de Dieu et de Monsigneur Saint-lois, Mestre Robert de la Marche, clerc de notre seigneur le Roi de France et Hanri son valet la prumière pierre de l’esglise de Garches, et la fonda l’an dessus dit ». (en français du XIIIe siècle) La chapelle est aussitôt convertie en paroisse et Robert de la Marche, nommé par le chapitre de Saint-Cloud, devient le premier curé de Garches.

Eglise au début du XXème siècle
Nouvelle église inaugurée en 1875

Le territoire de Villeneuve-l’Etang, désormais appelé Marnes-la-Coquette, est séparé de Garches en 1702. Le ville grandit avec l’extension de ses vignobles.
La révolution déferle sur la France et les églises sont interdites au culte et celle de Garches devient un Temple, le 17 Brumaire de l’an II. Un banquet fraternel, avec des chants et des danses, célèbre d’ailleurs son inauguration le 20 Nivôse.

Lors de la guerre de 1870, Garches est presque entièrement anéantie. Tout se joue, dans un ultime effort, lors d’une sortie effectuée le 19 janvier 1871 en direction de Saint-Cloud, Garches et Rueil. Près de 90 000 hommes avec plus de 40 000 gardes nationaux participent au combat, appuyés par deux locomotives blindées, qui circulant sur la voie ferrée de Paris à Saint-Germain qui bombardent les positions allemandes. L’ennemi enraye rapidement l’offensive et finit par lancer de puissantes contre-attaques. Constatant la confusion et le désordre qui règnent dans les troupes françaises, le général Trochu donne l’ordre de battre en retraite. Les pertes françaises sont extrêmement lourdes : plus de 700 tués et près de 3400 blessés ou disparus. C’est ainsi que la bataille de Buzenval constituera le dernier effort des défenseurs de Paris avant la signature de l’armistice le 28 janvier. Durant cette dernière offensive de la « bataille de Buzenval » les quelques maisons et l’église qui n’avaient pas été déjà totalement détruites le furent par les tirs croisés des Français et des Prussiens.

Bataille de Buzenval le 19 janvier 1871 document Archives de Hauts de Seine
Bataille de Buzenval le 19 janvier 1871 document Archives de Hauts de Seine

Garches étant un vrai champ de ruines, les habitants sont obligés de vivre dans les décombres de leur cave ou dans les annexes du château de Villeneuve-l’Étang qui ont été relativement préservées. Ils y bâtissent également une chapelle pour les cérémonies religieuses. On décide de reconstruire l’église à l’endroit même de l’ancienne, en augmentant la surface du terrain pour dégager à la fois la mairie et l’école. La reconstruction du clocher, qui n’avait pas été initialement prévue, est finalement décidée. Enfin, pour permettre l’aménagement et l’ornementation intérieure, les dons affluent et la nouvelle église est inaugurée en 1875.

Les faits les plus marquants sont constitués par 2 visites illustres, 2 futurs papes. C’est d’abord le futur Pie XII : il vient à Garches à plusieurs reprises et aime séjourner à la « Source ». En 1951, c’est au tour de Monseigneur Roncalli, futur Jean XXIII, d’être accueilli par Marcel Chappey, maire de Garches. Il offre à la paroisse un très bel ostensoir et un reliquaire renfermant des reliques de Saint-Louis. Ces 2 précieux objets sont aujourd’hui visibles à la sacristie

Hôpital Raymond Poincaré

C’est en 1828, sous le règne de Charles X, que Michel Brézin, directeur de la fonderie de l’Arsenal de Paris, lègue à l’administration des Hospices Civils de Paris le terrain de sa propriété, sur la commune de Garches. En 1928, l’Assistance Publique entreprend la construction de l’actuel hôpital qui sera inauguré en 1936. C’est de cette époque que datent les pavillons Letulle, Netter et Widal. La population crie d’abord au scandale, redoutant la propagation des maladies. Une pétition est lancée contre l’activité de l’établissement mais n’aura pas raison du projet de l’Assistance publique. Originellement l’hôpital était destiné aux malades chroniques des deux sexes, à l’exclusion des malades tuberculeux et atteints de cancer.
L’année 1941 voit la mise en place d’un service de chirurgie osseuse avec bloc opératoire. Progressivement, l’activité de l’établissement s’oriente vers la prise en charge des séquelles de la poliomyélite (de 1950 à 1970) puis se spécialise dans la rééducation de patients atteints de troubles moteurs neurologiques. Les premiers kinésithérapeutes de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris y reçoivent leur formation.

GARCHES-vue-aerienne-Hoputal-Raymond-Poincare-Hospice-Brezin

En 1956, la chirurgie évolue également et se transforme en « chirurgie orthopédique et traumatologique ». Ce service est connu dans le monde entier pour avoir été d’une part le premier centre de prise en charge moderne de la traumatologie lourde des polytraumatisés de la route, d’autre part le service où sont nés et ont été développés les concepts sur lesquels reposent la chirurgie de remplacement des articulations par prothèses. Sa réputation est mondiale, grâce aux grands « pontes » de la chirurgie orthopédique qui y pratiquent, comme les frères Judet, dans les années soixante-dix.

Aujourd’hui, le Groupe Hospitalier s’organise autour de 3 pôles tournés vers la prise en charge de: maladies génétiques, médecine interne, chirurgie orthopédique (pôle aigu), des enfants (service de pédiatrie – centre de référence des pathologies neuro-musculaires), des personnes handicapées (pôle Rééducation-Evaluation-Réadaptation) et est intègré dans le Groupe Hospitalo-Universitaire (GHU) Ouest

Le Château Civial

Originellement, la bâtisse ancienne de l’actuelle Mairie était une maison de maître, entourée d’un parc de 15 hectares délimité par les actuelles rues : de Villeneuve au sud, de l’Abreuvoir et Claude Liard au nord, Frédéric Clément à l’est et, à mi-distance, par l’avenue Foch et la Grande Rue, à l’ouest.
La façade de la propriété était alors située au nord-est, du côté de la rue de la Procession, actuellement rue Frédéric Clément. Acquise par le Docteur Civiale, célèbre chirurgien, la demeure fut baptisée par les Garchois « Chateau Civiale » et son parc « Parc Civiale ». Elle fut l’ancienne résidence de la Princesse de Beauvau-Craon.

Chateau Civiale, actuelle mairie
Chateau Civiale, actuelle mairie

L’arrivée du train, avec la ligne Paris-Marly, va changer en 1884 la vie de ce village qui est désormais relié à la capitale. Avec sa gare, la petite commune de moins de 3 000 habitants va séduire des artistes, des industriels et de nombreux notables qui l’élisent comme lieu de villégiature et s’y installent à l’hôtel le week-end tandis que de nombreux parisiens y font bâtir leur maison secondaire. Le nouveau moyen de transport profite aussi aux Maraîchers qui vont vendre leur production à la capitale et aux blanchisseurs qui vont y chercher le linge des parisiens pour le nettoyer.

L’urbanisation progresse et en 1924, le lotissement du Bel-Air, qui se trouve au nord de la ville, est aménagé pour y loger le personnel qui travaille au champ de courses de Saint-Cloud. Des architectes prestigieux, Hector Guimard et Auguste Perret, signent quelques belles maisons sur ce territoire privilégié.

Les années vingt sont surtout marquées par l’installation des laboratoires Debat, en face de l’hippodrome de Saint-Cloud, en 1929. « Pour nous, expliquait le docteur François Debat, une usine ne doit pas être seulement un lieu où l’on participe à une production, elle doit aussi apporter à tous ceux qui le désirent la possibilité d’enrichir leurs connaissances professionnelles. » Pour s’acheminer vers ce qu’il appelle un « nouveau contrat social », le docteur Debat fait construire un terrain de tennis et une vingtaine de maisons basses, pour y loger gratuitement les familles du personnel. Chaque année, quinze salariés, tirés au sort, se voient offrir un séjour à la montagne.

Garches-Les-Laboratoires-du-Docteur-Debat

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les forces allemandes réquisitionnent les villas du nord de la ville et 80 personnes disparaissent, déportées, fusillées sur le Mont-Valérien.

Au début des années soixante-dix, la résidence Guynemer ouvre ses portes, sur l’ancien terrain donné par un bienfaiteur, Léonce Buquet, à la ville. Bien que Garches n’ait toujours pas d’office public HLM, la Verboise, la cité Poincaré, la cité des Châtaigniers… et autres ensembles de logements sociaux sont construits par des sociétés privées.

Garches vue aerienne avec eglise

La population augmente. En 1974, Garches compte 19 670 habitants, soit près de 1 500 de plus qu’aujourd’hui. Aujourd’hui la place du centre a changé de visage mais la ville a conservé sa réputation de ville-dortoir. Le charme des nombreuses villas, au coût souvent prohibitif, continue à séduire les pointures du show-biz, sur les traces d’illustres prédécesseurs : Coco Chanel, Sydney Bechet, Muni, mannequin et égérie de Buñuel, Sacha Guitry… qui ont marqué de leur notoriété l’histoire de la ville.

Entourée par le parc de Saint-Cloud, le bois de Marnes et la forêt domaniale de Saint-Cucufa, Garches, ville vallonnée et verdoyante a une superficie de 269 hectares, occupés à 54,7 % par des espaces verts, soit une moyenne de 82m² par habitant

Album photos complet sur Gpmetropole Garches

Sources:
http://www.ville-garches.fr/images/stories/hier/confidence/saintlouisconfidence.pdf Histoire de l’église Saint Louis
http://www.ville-garches.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=214&Itemid=247

2 Commentaires

    • Merci pour ces infos, si vous avez des photos ou documents sur la ville de Garches détruite après la bataille de Buzenval, je suis preneur.

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