Grand Paris Est (T9) : Mariage forcé

Le lycée international de Noise-le-Grand : marqueur du territoire ou source de discorde ?

Mis à jour le dimanche 13 mars 2022 by Olivier Delahaye

PORTRAITS DES TERRITOIRES. Ce territoire, à la mutation annoncée par le nouveau schéma de transport du Grand Paris, devra se trouver une identité et une dynamique commune, alors que nombre de ses villes rêvaient d’un autre découpage.

Le découpage du territoire Grand Paris Est ne contente pas tous les élus des quatorze communes du 93 qui le constituent, limité au sud par sa frontière avec le Val-de-Marne, et au nord par Les Pavillons-Sous-Bois, Livry-Gargan et Vaujours. D’abord, Livry-Gargan et Vaujours auraient souhaité rejoindre leur voisine Aulnay-sous-Bois dans le T7. Mais c’est à Rosny-sous-Bois, Neuilly-Plaisance et Neuilly-sur-Marne que la colère est la plus vive. Ces trois communes de Seine-Saint-Denis travaillaient depuis plus de 10 ans main dans la main avec neuf communes du Val de Marne, dans le cadre de l’Actep (Association des collectivités territoriales de l’est parisien). Pour elles, Grand Paris Est est un territoire sans la moindre cohérence. En tout, 7 des 14 communes, en majorité à droite, se seraient prononcées contre ce découpage.

Le maire de Neuilly-Plaisance monte au créneau

Emmenées par Christian Demuynck, maire LR de Neuilly-Plaisance, les communes frondeuses, si elles se préparent bon gré mal gré à tout de même entrer avec Grand Paris Est dans la Métropole au 1er janvier 2016, n’entendent pas se laisser faire. Christian Demuynck, fort de l’approbation de sa population (97% des participants à sa consultation citoyenne souhaitent que Neuilly-Plaisance reste dans l’Actep), a rencontré Claude Bartolone, Gérard Larcher et, surtout, de manière officielle, les conseillers du Premier Ministre. Ces derniers lui auraient répondu que tout n’était pas figé, et qu’il aurait un retour d’ici quelques semaines. Pour l’heure, rien de nouveau sous le soleil, mais l’élu réaffirme sa position, s’appuyant sur la non-publication du Décret, qu’il n’hésitera par ailleurs pas à attaquer, une fois publié.

La fin d’une dynamique ?

« Nous avons signé des contrats de développement territoriaux (CDT) dont l’intérêt est de fixer des objectifs communs. Tout cela va partir en fumée », expliquait Jacques Mahéas, maire DVG de Rosny-sous-Bois au Parisien il y a quelques semaines. Il fait sans doute allusion à un projet de CDT qui lie en effet des communes du 93 et du 94, mais n’a jamais été signé. Celui de Paris Est entre Marne et Bois, entré dans la phase d’enquête publique en juin 2015, qui compte Fontenay-sous-Bois, Rosny-sous-Bois, Neuilly-Plaisance, Neuilly-sur-Marne, Nogent-sur-Marne et le Perreux.

Les élus exclus de l’Actep arguent de projets communs, en cours, comme l’aménagement de la N 34 qui enjambe les deux départements, ou encore la réalisation du collège et lycée international de Noisy-le-Grand. Ce projet exemplaire ne faisait toutefois pas l’unanimité en 2014, au moment de l’inauguration de l’établissement. Visiblement, le maire de Noisy-le-Grand de l’époque, le socialiste Michel Pajon, qui avait quitté en 2009 l’Actep, n’avait alors pas convié les élus de l’Association des collectivités territoriales de l’est parisien, estimant que les lauriers lui en revenaient. La nouvelle maire de Noisy-le-Grand, Brigitte Marsigny (LR), élue en septembre face à Michel Pajon, suite à l’annulation du précédent scrutin, ne semble pas s’être encore exprimée publiquement sur l’intégration de sa commune à Grand Paris Est.

Noisy-le-Grand, pôle économique du territoire

Il se murmure pourtant que Noisy-le-Grand pourrait, ainsi que Gagny, être choisie pour accueillir le siège de Grand Paris Est. Sans surprise, celle qui affiche son ambition d’être La Défense de l’Est Parisien sera la locomotive économique du territoire. Avec 2 295 entreprises, dont Ursa France, et des sièges sociaux de grandes entreprises comme Groupama, France Telecom, Kellogg’s ou Lavazza, offrant près de 26 000 emplois, Noisy-le-Grand est un important pôle tertiaire, condensé dans le quartier d’affaire du Mont d’Est, qui totalise 500 000 m2 de bureaux. Une offre qui devrait encore augmenter avec deux projets d’envergure.

Le projet Maille Horizon, tout d’abord, situé à proximité du fameux Collège-Lycée international et de l’autoroute A4, qui verra la création de près de 500 000 m2 de bureaux, et devrait permettre la création de 20 000 emplois dans les 10 ans à venir. Un Palais des Congrès de 2 500 places assises complètera l’offre. Enfin, dans le cadre du Cluster Descartes, Noisy-le-Grand projette une requalification de la zone d’activité économique des Richardets. Ces 45 hectares devraient muter dans l’esprit d’un écoparc, pour accueillir des entreprises tournées vers les nouvelles technologies, la recherche et le développement durable, en s’appuyant sur la future gare de Noisy-Champs.

Le transport, l’un des enjeux forts du territoire

Mais Noisy-le-Grand n’est pas la seule des quatorze communes de Grand Paris Est à enclencher la vitesse supérieure, ni la seule à être concernée par le nouveau schéma de transport du Grand Paris. Autour des nouvelles gares du territoire, les pelleteuses sont déjà en ordre de marche. Deux des villes du territoire travaillent déjà en synergie : Clichy-sous-Bois et Montfermeil, liées par une communauté d’agglomération. Près de la future gare du Grand Paris Express, se dressera en 2017 la Tour Médicis. Sur les ruines de la Tour d’Utrillo, à la frontière des deux communes, cet équipement culturel majeur accueillera des résidences d’artistes, des spectacles, des expositions et des lieux d’études et de formation aux arts. La Tour Médicis symbolisera la nouvelle attractivité d’un morceau de l’est parisien désenclavé.

Plus loin, la rénovation urbaine du Haut-Clichy se prépare à accueillir le débranchement de la ligne de tramway T4, qui, là encore, désenclavera les deux communes. Même cas de figure à Rosny, avec l’arrivée de la ligne 11 du métro et les ZAC Coteaux Beauclair et de la Mare Huguet (un éco-quartier), ou à Neuilly-sur-Marne, avec le quartier des Fauvettes, qui accueillera un éco-quartier dans sa partie est. Notons enfin que Rosny-sous-Bois s’est lancé dans un vaste chantier : celui de la géothermie. Et, avec Neuilly-Plaisance, travaille à la création d’un parc intercommunal sur le site géographique du Plateau d’Avron. Pour développer, puis gérer cet espace naturel sensible, les deux villes ont créé en 2005 un syndicat intercommunal (SIVU). Preuve que des synergies sont possibles ?

T9, Grand Paris Est
Population (INSEE 2012) : 385 323 habitants
Superficie : 71,6 km2
Conseillers métropolitains : 14
Conseillers territoriaux : 80
Villes :
Clichy-Sous-Bois
Coubron
Gagny
Gournay-sur-Marne
Livry-Gargan
Montfermeil
Neuilly-sur-Marne
Neuilly-Plaisance
Noisy-le-Grand
Les Pavillons-Sous-Bois
Le Raincy
Rosny-sous-Bois
Vaujours
Villemomble

Territoires de la Métropole du Grand Paris
Territoires de la Métropole du Grand Paris

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