Il y a deux mois, l’autorité organisatrice des transports franciliens avait essuyé un sérieux revers concernant son projet de prolongement de la ligne 1 du métro. Elle vient de revoir son dossier.

(image non contractuelle). Crédit : RATP, Agence Véra Broëz
Le 2 mai dernier, la commission d’enquête publique statuant sur le prolongement de la ligne 1 du métro jusqu’à Val-de-Fontenay remettait un avis défavorable. La commission reconnaissait pourtant l’intérêt général du projet porté par Île-de-France Mobilités (IDFM). Celui-ci ne permet-il pas « une meilleure aux fonctions urbaines de la région, au pôle de chalandise, d’études et d’emploi » ? Ne présente-t-il pas une « alternative à la voiture », contribuant ainsi à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre ? Et ne soutient-il pas « les projets de développement du territoire » ?
Poursuivez votre lecture
Le sous-sol traité de façon abyssale
Certes, mais tel qu’il est, il est aussi mal fichu, décrète la commission. Elle liste à son encontre plusieurs griefs. D’abord le gain de temps moyen pour les nouveaux utilisateurs : entre 0 et 3 minutes. Sans intérêt. Ensuite, le coût : 1,7 milliard d’euros (valeur 2022). Un peu beaucoup, non ? Surtout quand on sait que pour le même prix la ligne 11 construit 6 stations sur 6 km alors que la ligne 1 en fait 3 sur 5 km. Ajoutons-y l’impact social : 400 emplois supprimés sur la zone artisanale de la Fontaine du Vaisseau pour y implanter l’arrière gare de la station Val de Fontenay. Ajoutons-y le bilan socio-économique de l’opération, considéré négatif par le Secrétariat général pour l’investissement. Cela fait déjà beaucoup. Attendons le pire : les atteintes environnementales.
Dans le bois de Vincennes par lequel passera en partie le prolongement, « le nombre d’arbres abattus pourrait être beaucoup plus élevé que celui mentionné par IDFM », note la commission, qui s’inquiète aussi des dommages sur les systèmes racinaires. Mais là n’est pas le plus préoccupant. Selon l’Autorité environnementale, interrogée par la commission, le plus préoccupant c’est « la gestion du souterrain ». Sur cette question le dossier d’IDFM est d’une pauvreté abyssale, « se bornant à renvoyer à la réalisation d’études ultérieures ». Quid donc des questions d’inondation qui ont pourri les prolongements des lignes 12 et 14 ? De la présence de pyrite dont le traitement peut générer des coûts importants ?
Concessions
À tout ceci, IDFM vient de répondre, à l’occasion de son conseil d’administration du 12 juillet 2022. Et l’autorité organisatrice (AO) concède 2 modifications à son projet et s’engage sur 7 points. Rien sur le coût ni sur le maigre gain de temps, IDFM a déjà prévu que cela passerait dans la colonne des « - ». En revanche, l’AO concède des efforts en ce qui concerne la problématique environnementale. Elle promet ainsi de déplacer la base vie chantier sur un espace déjà imperméabilisé pour limiter les impacts sur le bois. Mais alors pourquoi n’était-ce pas déjà prévu ?
Elle s’engage aussi à optimiser ses travaux pour moins empiéter sur les alignements d’arbres ou encore à imposer un cahier de prescriptions aux entreprises pour les sensibiliser à la préservation de la faune et de la flore. Surtout, s’agissant des problématiques liées au sous-sol, elle s’engage à « approfondir les études selon les normes en vigueur dans la perspective du dossier d’autorisation environnementale unique qui sera soumis à enquête publique ». Enfin, concernant la zone de la Fontaine du Vaisseau, IDFM veut « mettre en œuvre une stratégie concertée d’accompagnement individualisé des entreprises ». Et sur cette base, demande aux représentants de l’État de déclarer le prolongement d’utilité publique.
Un hub à Fontenay-sous-Bois
Pour rappel, le prolongement de la ligne 1 vers l’est est étudié depuis 2013. Une concertation publique s’est tenue à l’hiver 2014-2015, suivie d’études préliminaires durant 5 ans. L’enquête d’utilité publique a eu lieu du 31 janvier au 2 mars 2022. Le calendrier prévoit encore une étude de conception détaillée jusqu’en 2027 et une mise en service à l’horizon 2035. La ligne 1 devrait être prolongée jusqu’à la station Val-de-Fontenay avec la création de deux autres stations : Les Rigollots et Grands Pêchers. Elle doit desservir 75 000 habitants de plus et s’interconnecter, à Val-de-Fontenay, à la ligne 15 du Grand Paris Express, aux RER A et E et au tramway T1, faisant de cette station un nouveau hub de l’Est parisien.
