Inventons la Métropole, épisode 3, ou comment faire muter le bâti

inventons la métropole du grand paris
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Mis à jour le mercredi 9 mars 2022 by Olivier Delahaye

DOCUMENT. La Métropole du Grand Paris a dévoilé les noms des sites retenus pour la troisième édition de son concours. Situés en majorité au nord-est de la métropole, ils visent avant tout à reconquérir certains délaissés urbains ou à accompagner des projets en cours.

Six ans après, Inventons la Métropole du Grand Paris (IMGP) 3 n’a pas l’ampleur de la première édition qui, dès 2016, avait accompagné, dans la ferveur, la naissance de l’instance métropolitaine pour, même, la consacrer. Au splendide pavillon Baltard de Nogent-sur-Marne a succédé la salle Wagram du 17e arrondissement. Le souffle est retombé. Mais c’est tout de même devant 700 personnes qu’ont été annoncés les sites franciliens qui devront accueillir de nouveaux projets urbains.

Ils sont vingt-sept

En mai 2021 en effet, en pleine crise sanitaire, la Métropole du Grand Paris (MGP) avait décidé de lancer une troisième édition de son concours devenu célèbre en partie pour, de l’aveu même de son président Patrick Ollier, « relancer la construction ». Dix mois plus tard, sous le bruit de la guerre, les sites retenus ont été dévoilés. Ils sont vingt-sept, comme le nombre de pays de l’Union européenne, géographiquement très inégalement répartis puisque treize d’entre eux se situent en Seine-Saint-Denis. Le Val-de-Marne en compte quatre, les Hauts-de-Seine trois, Paris trois aussi, et un site se trouve à cheval entre Paris, les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis. Enfin, trois sites se trouvent hors du périmètre métropolitain : deux dans le Val-d’Oise et un dans les Yvelines.

Cette répartition très inégale est peut-être due à la nature même du concours qui, cette fois, a été doté de thématiques. La MGP a en effet souhaité s’emparer de trois enjeux urbains. Le premier, très actuel, est celui de la reconversion des bureaux en logements ; enjeu devenu crucial à l’heure où, d’un côté la construction de logements connaît un véritable trou d’air et de l’autre la progression du télétravail provoque l’augmentation de la vacance des bureaux. Le deuxième enjeu est celui de la requalification des friches, vieux défi pour les bâtisseurs de la ville devenu très vif à l’heure du ZAN. Enfin, le dernier vise à accompagner le Grand Paris express au moment où celui-ci s’apprête à devenir très concret et va modifier le visage de nombreux quartiers autour de ses gares.

On cherche la conversion des bureaux

On pourrait penser qu’il y a une concordance entre la localisation des sites et ces enjeux et que la forte connotation dionysienne en est une conséquence. En fait, on a du mal à trouver le lien. En ce qui concerne la reconversion de bureaux en logements, il a mieux fallu que la MGP ajoute « et la mutation du bâti existant » à la dénomination de sa thématique. Parce que c’est effectivement cet enjeu qui domine (voire écrase) la sélection. Sur 27 sites, 22 sont concernés. En revanche, concernant la fameuse reconversion des bureaux, on peine à débusquer les sites concernés. Peut-être celui de la patinoire Oréades de Cergy où des bureaux obsolètes seraient susceptibles d’être transformés.

C’est un peu plus clair pour ce qui est de la requalification des friches. Huit sites sont en effet concernés par la thématique. Quant à l’aménagement des quartiers de gare, on compte neuf sites, mais seulement trois pour le Grand Paris Express : Les Grésillons sur la ligne 15, Montfermeil-Clichy sur la ligne 16 et Villepinte sur la ligne 17.

Tout sauf un concours hors sol

Pour 22 des sites lauréats existent déjà des intentions programmatiques : activités économiques, commerces, bureaux, tiers-lieux… et logements bien sûr. Ceci étant, il est peu probable que cette 3e édition puisse régler le problème du logement dans le Grand Paris, ni même « relancer la construction ». Seuls huit sites ont une intention programmatique en ce sens et pour une très grande majorité il s’agit d’une programmation mixte mêlant aussi commerces, activités économiques ou espaces verts.

Ce qui montre que, quelles que soient les nobles intentions de la MGP, son désir de répondre aux problématiques contemporaines, les projets qu’elle défend ne sont pas inédits, mais prévus parfois depuis longtemps. IMGP est un accélérateur, un facilitateur. De la même façon que la Métropole est un organe politique consensuel, son concours urbain sert de réconciliateur opérationnel. Dans le parc de la Poudrerie, à cheval sur les communes de Livry-Gargan et Sevran, il pourrait permettre de débloquer la situation du pavillon Dautriche. Au sein de plusieurs ZAC, les sites d’IMGP3 ont aussi vocation à rééquilibrer l’offre programmatique, comme à Neuilly-sur-Marne où les anciennes cuisines de l’hôpital Maison-Blanche cherchent une reconversion à dominante culturelle pour les 10 000 habitants prévus dans le nouveau quartier, ou bien au contraire à la renforcer, comme sur la ZAC des Grésillons, à Gennevilliers, dont l’ambition est de favoriser les activités économiques. À Montfermeil, il s’agit de reconvertir une friche en liaison avec les futurs Ateliers Médicis. Et sur le site du château Périssaguet, à Valenton, il ne saurait être question de dénaturer la valeur patrimoniale des lieux.

Bref, IMGP étant tout sauf un concours hors sol, on a du mal à saisir l’intérêt de prévoir des thématiques. À moins, bien sûr, de quelques surprises au moment de découvrir les projets. Rendez-vous pour cela dans un an.

Les prochaines étapes d’IMGP3
• Phase de candidature : avril 2022
• Phase d’offre initiale : été 2022
• Phase d’offre finale : automne 2022
• Remise des offres définitives : novembre 2022
• Jury d’attribution des projets lauréats : fin 2022
• Annonce des lauréats : début 2023

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