Inventons la Métropole : place à la finale

Projet Eternicity pour la ZAC Léon Blum, à Issy-les-Moulineaux. Credit : Sogeprom / AIA Architects – SANE

Mis à jour le mardi 19 mai 2020 by Olivier Delahaye

Les organisateurs de l’appel à projets « Inventons la métropole du Grand Paris » ont rendu leur premier verdict en choisissant 164 dossiers. Détail.

La fin de la phase 1 de l’appel à projets « Inventons la métropole du Grand Paris » vient de sonner. Et automatiquement, c’est la phase 2 qui commence. Après avoir reçu 420 dossiers de candidature au 13 janvier, les organisateurs ont donc choisi les finalistes de ce concours qui doit donner visibilité à la Métropole du Grand Paris (MGP). Sur les 59 sites en recherche de projets, deux ont finalement été supprimés : Epinay qui n’a intéressé aucun candidat et Noisy-le-Grand (ancienne école Louis-Lumière) où l’État a eu besoin de récupérer les terrains.

Quel résultat ?

Durant trois semaines, du 7 au 28 février, les jurys composés des maires des villes concernées, des propriétaires publics des sites et des représentants des organisateurs (MGP, Préfecture d’Île-de-France, Société du Grand Paris) se sont réunis 58 fois avec pour objectif de retenir trois finalistes par site. Des jurys « guillotine » comme les a appelés Patrick Ollier, président de la MGP, tant leur démarche visait plutôt à écarter les dossiers les plus faibles, avant tout sur le caractère innovant des propositions, « l’innovation étant l’ADN de ce concours », a souligné Patrick Ollier.

Dans la majeure partie des cas, ce sont bien trois groupements qui ont été choisis. Voire deux. Seuls quatre sites font l’objet de quatre finalistes et un autre, le franchissement Pleyel, en a cinq. Au total, ce sont 164 projets qui concourront pour la sélection définitive et qui auront droit à un financement pour détailler leurs propositions.

Ceci étant, le résultat est déjà connu pour trois sites puisqu’un seul dossier a été choisi :

  • la porte Brançion entre Paris et Vanves : projet « Le sport, la nature et le bois pour remplacer la voiture et le béton » porté par le promoteur Woodeum SAS ;
  • le site de l’Armée Leclerc à Morangis : projet porté par Paris Sud Aménagement ;
  • le Genopole à Évry ; projet porté par le promoteur Linkcity.

L’attractivité des sites à proximité des futures gares du Grand Paris Express où le foncier sera sans doute très rentable a joué à plein : ils sont 21 qui représentent 50 % de la surface totale des terrains. Mais pour les organisateurs, ce concours est aussi vertueux : « Son effet masse permet de faire levier pour des sites isolés et moins attractifs que les hubs du Grand Paris », a déclaré Michel Delpuech, nouveau préfet d’Île-de-France.

Qui concourt encore ?

À lire la liste des mandataires des 164 projets, on ne sera pas étonné de constater que l’extrême majorité d’entre eux sont des promoteurs. Ils sont 68 mandataires en tout et, selon les organisateurs, sont à 58 % des indépendants et à 42 % font partie de grands groupes du BTP et de la promotion immobilière. Parmi eux, on peut remarquer la grosse présence (sur 19 projets) de Linkcity qui regroupe les filiales de développement immobilier de Bouygues Construction.

À leurs côtés figurent 326 exploitants indépendants : architectes (Jean-Paul Viguier, Manuelle Gautrand…), urbanistes, paysagistes, bureaux d’études… mais également startups, PME innovantes, associations locales ou collectifs artistiques (Zenpark, Plateau urbain, Sous les fraises, Mamie Cocotte…)

Quelques grands noms de l’architecture internationale se sont aussi associés à des projets : Shigeru Ban, MVRDV, Rogers Stirk Habour & Partners… Mais, de manière générale, les groupements sont très français.

Quels types de projets ?

Répondant aux volontés des organisateurs de développer des projets verts et innovants, les groupements ont particulièrement traité la question de la nature en ville. L’agriculture urbaine est ainsi présente dans 60 % des projets et sous diverses formes : production maraîchère, potager, aquaponie, laboratoire, formation à l’éco-citoyenneté, insertion… La question environnementale est aussi traitée à travers la construction des bâtiments, que ce soit à partir d’approches bioclimatiques, biomimétiques ou par le choix des matériaux : un quart des projets se tournent vers la construction en bois et quelques-uns d’entre eux veulent utiliser la terre issue des déblais des travaux du Grand Paris Express. Mais ils ne sont malgré tout que 40 % à prévoir un chantier fondé sur l’économie circulaire.

Les candidats se sont aussi inscrits dans la dynamique en cours de la ville servicielle : autopartage, conciergeries, services mutualisés, tiers-lieux et lieux hybrides… Certains ont réfléchi à la façon d’impliquer les habitants dès la phase de préfiguration du projet ; 10 % des dossiers font même état d’habitat participatif.

Enfin, la problématique de la réversibilité des bâtiments y est aussi traitée dans quelques cas avec une prise en compte très claire de l’usager : évolution du logement selon le cycle de vie de l’usager ou besoins résidentiels différenciés sur le court, moyen et long terme.

Quelles suites ?

Au total, sur les 217 hectares de terrains disponibles, ce sont 2,6 millions de m2 qui devraient être construits. 6,4 milliards d’euros d’investissement sont attendus, ce qui correspond, selon la Métropole du Grand Paris, à 1 point de son PIB.

Après l’élaboration d’un cahier des charges, les organisateurs attendent que les 164 équipes déposent un nouveau dossier avant l’été. Les 57 gagnants seront connus fin septembre.

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