Jean Castex met le Grand Paris en quartiers

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Mis à jour le jeudi 9 juin 2022 by Olivier Delahaye

La Société du Grand Paris creuse des tunnels pour son super métro, c’est entendu. Mais pour le Premier ministre, tout se joue en surface. Dans un discours à Gennevilliers, Jean Castex a vanté les mérites des quartiers de gare, alpha et oméga du Grand Paris.

Jean Castex - Comité stratégique Société du Grand Paris

DOCUMENT. Ce 8 novembre, le Premier ministre Jean Castex effectuait une visite de chantier de la gare La Courneuve-Six Routes qui doit accueillir les lignes 16 et 17 du Grand Paris Express (GPE). Puis il rejoignait Gennevilliers pour y prononcer un discours dans le cadre d’un Comité stratégique de la Société du Grand Paris (SGP). Au centre de son intervention : les quartiers de gare qui vont accompagner, en surface, la mise en place de la nouvelle infrastructure de transport.

« L’horizon global de mise en service est maintenu pour 2030, soit dans moins de dix ans. »

Jean Castex ne s’est pas attardé sur la situation du chantier. Les retards accumulés (suite de la crise sanitaire, ou inhérents aux difficultés techniques) sont dorénavant entérinés. Il n’a pas non plus fait mention du rendez-vous manqué avec les Jeux olympiques de 2024 et a préféré se rassurer avec « 35 des 68 gares déjà bien avancées ».

Pour le détail :
« Les lignes 14 Nord, 14 Sud, 15 Sud, 16 et 17 sont désormais dans des phases très actives de travaux. Sur les lignes 14 Sud et 15 Sud, c’est la quasi-intégralité du linéaire qui a été creusée. Les lignes 14 Nord, 16 et 17 sont également en pleins travaux de génie civil. Les travaux préparatoires et la préparation des marchés sont également très avancés pour les lignes 18, 15 Est et 15 Ouest, et des ajustements du projet sur les lignes 15 Est, 15 Ouest et 18 vont faire l’objet de déclarations d’utilité publique modificatives début 2022. »

Et question coût, Jean Castex l’estime toujours à 36 milliards d’euros (valeur 2012).

« Aujourd’hui, c’est en surface que doit se construire le Grand Paris. »

Dans les années 1960-1970, les villes nouvelles faisaient figure de « nouvelles frontières », et pas seulement de terminus de RER, pour la région parisienne. Aujourd’hui, ce sont les quartiers de gare du GPE. L’époque a changé : on n’étale plus la ville, on la densifie. Ces quartiers de gare doivent être des « acteurs » de la densification.

Mais pas seulement.

Jean Castex les pare de nombreuses vertus.

En premier lieu, ils seront « les démonstrateurs de la ville de demain », les miroirs de l’innovation. Là où l’on transforme les bureaux en logements, où l’on optimise les emprises foncières, où l’on généralise l’urbanisme transitoire, où l’on développe la construction hors site. Les quartiers de gare doivent même porter l’ambition de faire « du Grand Paris un véritable projet industriel pour le secteur de la construction. »

Mais pas seulement.

« Ce projet est essentiel pour maintenir une cohésion dans une région-capitale, qui ne peut pas être, qui ne doit pas être, un conglomérat de communes désunies.

Les quartiers de gare comme coutures de la métropole. Voilà une autre ambition. En y instillant le plus possible de mixité : fonctionnelles, générationnelle, sociale. Déjà : « Sur le foncier libéré par la SGP et l’État, (il y aura) une répartition d’environ 60/40 entre les logements et les bureaux. » Mixer les fonctions, donc, mais aussi les classes sociales et les générations pour éviter toute ghettoïsation, quelle qu’elle soit. Plus de bureaux ici, plus de logement social là, de l’habitat inclusif par ici, du parc locatif privé par là… Les quartiers de gare doivent rééquilibrer le vaste territoire du Grand Paris.

Mais pas seulement.

Jean Castex veut, grâce à eux, améliorer les conditions de vie des travailleurs dits « de la première ligne », mis à l’honneur durant la crise sanitaire. Pour leur éviter des heures de RER ou de trafic, il entend leur réserver « une grande partie des logements à loyer maitrisé qui seront construits et mis en location dans ces quartiers ». Les quartiers de gare comme objets de rapprochement entre travail et logement, donc, avec multiplication des tiers-lieux et « au moins une pension de famille dans chaque quartier de gare du Grand Paris Express ».

« C’est bien une forme renouvelée de l’action publique que je suis en train de vous proposer »

Pour mettre tout ceci en musique, le Premier ministre veut fédérer les principaux acteurs au sein d’un « pack État » et mettre en place une instance locale de coordination (peut-être un comité de gare sous la houlette du maire). Il veut mobiliser le foncier détenu par l’État et la SGP pour promouvoir le logement social dans les communes où il est déficient (sous le seuil des 25 %) et, au contraire, favoriser la diversification de l’habitat dans les territoires disposant d’un parc social conséquent. Enfin, il veut réguler les coûts d’accès au foncier en interdisant les enchères pour les cessions de charges foncières détenues par les opérateurs de l’État sur les parcelles des quartiers de gare.

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