La cité d’expériences de Noisy-le-Sec

Mis à jour le samedi 16 mai 2020 by Olivier Delahaye

VINTAGE FRIDAY. A l’été 1945, la guerre se termine à peine qu’on pense déjà à la reconstruction. Le gouvernement souhaite à la fois construire vite et moderniser le secteur du bâtiment. Il faut inventer pour les familles un nouvel habitat qui soit à la fois économique et confortable. Pour cette expérimentation est retenu un site à Noisy-le-Sec, ville la plus sinistrée du département de la Seine suite au bombardement de sa gare de triage, survenu dans la nuit du 18 au 19 avril 1944.

Le chantier expérimental de maisons qui deviendra le cité du Merlan sera implanté à l’écart du centre-ville à une dizaine de kilomètres de Paris. Ces chantiers s’inscrivent dans la politique expérimentale engagée par le ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme, Raoul Dautry. Dès la création de ce ministère en novembre 1944, Raoul Dautry décide de poursuivre un projet qui n’est pas tout à fait nouveau. En effet, le gouvernement de Vichy avait lancé en 1943 des concours « chantiers expérimentaux ». Le but étant de faire passer à un stade d’industrialisation des solutions innovantes en matière de préfabrication de maisons. Un an avant Noisy-le-sec un premier chantier sur les plans de l’architecte Pol Abraham démarre à Orléans en 1944.

La cité d’expériences dont le chantier se terminera en 1951 se compose de 55 maisons préfabriquées. Chaque maison est conçue avec des matériaux ou des procédés nouveaux. On teste de nombreuses structures, des plans et des volumes différents et on va inventer de nouveaux modes de chauffage. La maison CIMCAP, première maison édifiée au sein de cette cité est construite avec une ossature en béton armé vibré et des planchers-poutrelles sur lesquels reposent les dalles de béton.

Le projet prend vite une dimension internationale et nos pays alliés participent aussi à cette expérimentation. Des maisons suédoises, suisses, américaines, britanniques, canadiennes ou encore finlandaises sont édifiées, représentant un total de 26 réalisations. La maison canadienne Faircarft en bois et aluminium arrive par bateau et est « dépliée » sur site par seulement quelques hommes, la maison américaine UK100 à ossature en bois et dont le revêtement extérieur a été réalisé en carton pressé est livrée en cinq lots qui sont assemblés sur place. Les maisons anglaises Unitroy et Orlitt en dalles de béton sont aussi construites en éléments préfabriqués.

Plan de la cité du Merlan

C’est une réelle révolution dans le monde du bâtiment où seront utilisés du béton précontraint dans la maison STUP, du béton de bois, du béton de pouzzolane dans la maison Lemay, du bois dans les maisons Armor, Southern Mill et City-Lumber. Confort veut dire isolation et on va tester tous les types d’isolants : de la laine de laitier, laine de verre ou encore de l’isorel. Le métal, utilisé jusqu’alors uniquement dans les poutres des structures est désormais présent sous la forme de tôle pliée (Brissonneau & Lotz), de pans d’aluminium emboutis (Dennery) ou comme revêtement en aluminium (MC7). On va s’interesser non seulement aux qualités thermiques des matériaux mais aussi phoniques.

Il est essentiel de mettre ces maisons à l’épreuve et elles sont donc louées à des familles sinistrées de Noisy-le-Sec. Familles qui seront mises à contribution pour répondre à des enquêtes sur leur habitation. La cité d’expériences de Merlan à Noisy-le-Sec constitue l’un des chantiers expérimentaux les plus originaux et les plus complets menés par le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme et il durera jusqu’en 1953.

Vous trouverez plus d’informations dans ce texte de Christine Giroud

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