Le châtaignier francilien en état d’alerte

Châtaigniers atteints par la maladie de l'encre en forêt domaniale de La Malmaison
Châtaigniers atteints par la maladie de l'encre en forêt domaniale de La Malmaison - Crédit : Ysatys Nadji / ONF

Mis à jour le lundi 1 mars 2021 by Olivier Delahaye

Deuxième espèce la plus représentée en Île-de-France après le chêne, le châtaignier souffre. En cause : un pathogène microscopique appelé Phytophtora, qui se propage aujourd’hui à grande vitesse. 

Apparue dans les Cévennes en 1871, la maladie de l’encre avait fait des dégâts considérables dans les châtaigneraies françaises de la fin du XIXe siècle à la première moitié du XXe siècle. Nommée ainsi à cause des suintements de liquide noirâtre à la base du tronc, elle était ensuite devenue silencieuse pour réapparaître dans les années 1990-2000 à la faveur du changement climatique.

Multiplication du Phytophtora

En cause, un agent pathogène présent dans l’eau des sols appelé Phytophtora qui attaque le système racinaire des châtaigniers. Les arbres touchés présentent des feuilles jaunâtres et petites, un dessèchement des rameaux, des fructifications de petite taille puis un dépérissement général. Deux phénomènes assurent aujourd’hui la multiplication du Phytophtora. D’abord, des printemps humides qui engorgent les terrains et favorisent le déplacement du pathogène dans le sol. Ensuite, des sécheresses estivales à répétition : leur système racinaire nécrosé, les châtaigniers peinent à s’alimenter en eau, flétrissent et déclinent. Toute la châtaigneraie du nord-ouest de la France, placée sous climat atlantique, est concernée et aucun traitement n’existe pour lutter contre la maladie.

Sous Sentinel

Plusieurs acteurs de la forêt (ONF, CNPF, DSF, INRAÉ) ont mis en place un projet collaboratif de télédétection pour suivre l’évolution de la maladie en Île-de-France. Cette méthode de suivi croise les images satellitaires des satellites Sentinel et des données issues du terrain fournies par les forestiers et les chercheurs afin de générer des cartes présentant l’état sylvosanitaire des peuplements de châtaigniers là où l’espèce est majoritaire. Et le constat est alarmant : 34 % des peuplements de châtaigniers sont fortement impactés par la maladie. Dans le Val-d’Oise, la forêt domaniale de Montmorency a été placée en crise sanitaire en 2018. La maladie se propage dans celles de Marly et de Versailles (Yvelines) de La Malmaison (Hauts-de-Seine) et de La Grange (Val-de-Marne). 

Coupes sanitaires

Avec la télédétection, les acteurs de la forêt espèrent la contenir. Les cartes produites par un processus de « machine learning » doivent « permettre aux forestiers de gagner du temps et de prioriser les zones où programmer des actions de lutte contre la malade de l’encre », explique Stanislas Witkowski, technicien forestier à l’ONF Île-de-France. Cela implique des coupes sanitaires de grande ampleur. La forêt de Montmorency, dont les 2 000 hectares sont composés à 70 % de châtaigniers, fait ainsi l’objet d’un important programme de coupes depuis deux ans. Plusieurs dizaines d’hectares sont déboisées pour être replantées d’essences résistantes au pathogène (chêne sessile, merisier, sorbier…). Idem en forêt de Marly et de La Malmaison. 

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