Le solaire francilien se lève à l’est

Vue aérienne de la centrale solaire d'Annet-sur-Marne
Nouveau paysage de l'énergie : la centrale solaire d'Annet-sur-Marne.
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Mis à jour le vendredi 2 octobre 2020 by Olivier Delahaye

Une nouvelle centrale solaire a vu le jour à Annet-sur-Marne, en Seine-et-Marne. Un projet placé dans un cycle vertueux qui allie économie circulaire, énergie renouvelable, financement participatif et écopastoralisme. 

De près, une centrale solaire, ça n’a aucun intérêt. Des armatures de métal sur lesquelles sont posés à perte de vue des panneaux solaires de 1 mètre sur 2. Inclinés à 15°. Dessous, de l’herbe. Ça a un peu plus de gueule vue d’avion, ou de drone. Mais le spectacle est, paraît-il, grandiose vu du train…

Des déchets, des buttes, un parc

Un an après la mise en service de l’immense parc solaire de Meaux, un deuxième, tout aussi important, vient donc d’être inauguré à 20 minutes de là, un poil plus à l’ouest, sur la commune d’Annet-sur-Marne. Là où vécut le plasticien Victor Vasarely, où Jacques Becker tourna plusieurs scènes de son chef d’œuvre, Casque d’or. Là aussi où le groupe ECT, spécialiste de la valorisation des déchets inertes, stockait 3 millions de mètres cubes de terres issues des chantiers du Grand Paris. Au lieu-dit Les Gabots, ECT les avait remodelés en buttes phoniques paysagères, entourant la ligne de chemin de fer de la LGV Est sur laquelle file à 320 km/h le TGV. Les buttes n’étaient pas définitives, la mairie d’Annet leur cherchait un devenir et était parvenue à ce que l’ensemble des terrains (46 hectares) lui soit rétrocédé, à l’issue de leur réaménagement, pour un euro symbolique. Les élus pensaient à la possibilité d’un parc de loisirs, même si Annet partage déjà une immense base de loisirs avec sa voisine, Jablines. Ils pensaient à de l’agroforesterie, à de la culture de miscanthus. Pas forcément à un parc solaire.

Deux PME s’associent

C’est ECT qui en a eu l’idée lorsque son président, Laurent Mogno, a pu trouver un partenaire intéressé : Akuo, premier producteur français d’énergie renouvelable. Une demande de permis de construire est déposée en 2011. Le dossier traine en longueur, est repris en main en 2015 avant qu’un accord soit obtenu en 2016. Deux ans plus tard, le projet est lauréat d’un appel d’offres de la Commission de régulation de l’énergie. En janvier 2019, Akuo et ECT entérinent leur partenariat au travers d’une joint venture baptisée ACT-E. Ils ont besoin de 11 millions d’euros qu’ils trouvent auprès de plusieurs investisseurs, mais aussi grâce à un financement participatif : 500 000 euros sont ainsi récoltés en 27 jours auprès de citoyens qui pourront espérer une rentabilité de 4 % par an. Le chantier peut commencer, il doit aller vite, il va être retardé. D’abord par la configuration du terrain, difficile, puis par un mois d’octobre 2019 terriblement pluvieux et boueux, puis par l’épidémie de coronavirus en Chine où sont bloqués les 43 862 panneaux solaires qui y sont fabriqués, et enfin par le confinement du printemps.

« Le plus bel atout de notre commune »

Le 1eraoût 2020, après treize mois de travaux, la centrale dite des « Gabots » produit son premier kWh. Avec une capacité de production annuelle de 17 MWc, elle peut couvrir les besoins d’alimentation en électricité de 3 700 foyers, soit près de 10 000 habitants. Pas forcément ceux d’Annet, qui sont 3 278, puisque l’électricité est directement injectée sur le réseau national d’Enedis, mais ça fait quand même de la petite ville des Plaines et Monts de France une commune à énergie positive. D’ailleurs, tout le projet est inscrit dans une sorte de cycle vertueux. Le site a été bâti grâce à l’économie circulaire pour fournir de l’énergie renouvelable. La centrale a été en partie financée par de l’engagement citoyen. Le désherbage sous les panneaux est assuré par une centaine de moutons. Les clôtures qui délimitent les 18,5 ha du parc sont conçues pour laisser transiter la petite faune des lieux : lapins, écureuils, etc. Et, cerise sur le gâteau, le parc constitue un spectacle gratuit pour les voyageurs de la LGV Est, même à 320 km/h. Cela explique l’enthousiasme de l’ensemble de ses promoteurs, dont l’ancien maire d’Annet, Christian Marchandeau, qui a longtemps soutenu le projet et n’hésite pas à proclamer : « Ce parc solaire est le plus bel atout de notre commune ! »

Le solaire francilien est moteur

Il représente aussi un enjeu pour la région Île-de-France, dont la dépendance énergétique est de 98 % et qui s’est fixée de hautes ambitions en termes de production d’ENR : 20 % en 2030 et 40 % en 2030. Cette production est aujourd’hui de 8 %. D’où la recherche de nouveaux sites pour y implanter d’autres centrales solaires. L’un est à l’étude à Brie-Comte-Robert, toujours en Seine-et-Marne, fruit d’une nouvelle collaboration entre Akuo et ECT. Pour ce dernier, le développement du solaire francilien est une nouvelle opportunité de marché sur les terrains délaissés qu’il reconquiert. Akuo, lui, compte tirer parti de l’accueil bienveillant de l’Île-de-France du fait de son potentiel démographique.

Chiffres
Superficie du parc solaire : 18,5 ha dimensionnés en 3 parties
Capacité de production annuelle : 17 MWc
Couverture en besoins énergétiques : 3 700 foyers
Évitement CO2 : 8 747 tonnes par an
Nombre de panneaux solaires : 43 862
Taux de revalorisation des panneaux : 94 %
Durée des travaux : 13 mois
Investissement : 11 millions d’euros

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