Mis à jour le dimanche 13 mars 2022 by Olivier Delahaye
DOCUMENT. Depuis le 1er juillet 2019, la Métropole du Grand Paris a mis en place une zone à faible émission (ZFE) afin de lutter contre la pollution atmosphérique. Au mois de mars 2018, Airparif, l’organisme de surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France, publiait une étude prospective sur la mise en place d’une ZFE (ou ZBE pour zone à basses émissions, dans l’étude) à l’échelle métropolitaine.
Dressant d’abord un état des lieux de la qualité de l’air francilien, Airparif indique « qu’environ 100 000 Parisiens sont potentiellement exposés à un air excédant l’objectif de qualité annuel pour les particules PM10 (particules de diamètre inférieur à 10 μm). » Idem pour les PM2.5 (particules de diamètre inférieur à 2,5 μm). Sachant que, pour ces particules, le seuil de qualité (10 g/m3) est dépassé sur tout le territoire francilien. Enfin, pour le dioxyde d’azote (NO2), la valeur limite (40 μg/m3) est dépassée pour 1,2 million de Parisiens et 1,6 million de Franciliens. Tous ces dépassements l’étant, bien entendu, essentiellement aux abords des grands axes routiers.
10 000 km de voirie modélisés
Avec la Direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement d’Île-de-France, Airparif a modélisé 10 000 km de voirie sur une période allant de 2016 à 2019 et remarqué que, sans ZBE, le trafic routier augmentait d’environ 1 % à l’échelle régionale, et, avec ZBE, diminuait de 0,1 % à 2,5 %.
Puis Airparif a étudié les impacts de la mise en œuvre d’une ZBE parisienne et d’une ZBE métropolitaine (ou élargie) sur les émissions de polluants atmosphériques, poussant sa prospective jusqu’à l’étape Crit’Air 3 (les vignettes Crit’Air vont de 5 à 1).
Sur le périmètre parisien (comprenant le boulevard périphérique), la mise en œuvre d’une ZBE parisienne progressive (selon les vignettes Crit’Air) permet une diminution des oxydes d’azote (NOx) de près de 45 % au niveau Crit’Air 3 ainsi qu’une baisse significative de 25 % et 36 % pour les PM10 et les PM2.5.
Étant donné les échanges routiers très importants entre Paris et le reste de l’Île-de-France, la ZBE parisienne a évidemment une influence au-delà du boulevard périphérique grâce au renouvellement du parc automobile. Selon Airparif, les gains d’émissions à terme atteindraient les 15 % pour les NOx et les PM2.5 et 10 % pour les PM10 en dehors de Paris, sans que l’on sache vraiment ce qu’Airparif entend par « en-dehors de Paris ».
Cercle vertueux
Soulignant que « le parc technologique (des véhicules) en dehors de la capitale est en moyenne plus ancien », les auteurs de l’étude ne s’étonnent donc pas que les résultats soient encore plus tangibles pour une ZBE de type métropolitain. Au sein du périmètre délimité par l’A86, les NOx et les PM2.5 diminuent en effet de 50 % et le PM10 d’environ 40 % au niveau Crit’Air 3. À cette étape, « la restriction de circulation touche un quart des kilomètres parcourus au sein de cette zone », note l’étude.
Par ricochet, cette ZBE métropolitaine impacte aussi en dehors du périmètre de l’A86 pour influer sur toute l’Île-de-France, réduisant les émissions de NOx régionales liées au trafic routier de 28 %. Constat similaire pour les particules, avec des gains de 20 % pour les PM10 et jusqu’à 26 % pour les PM2.5.
Autrement dit, les ZFE (ou ZBE, donc) voulues par la Ville de Paris puis par la MGP devraient non seulement améliorer ostensiblement la qualité de l’air à l’endroit où elles sont mises en place et bien au-delà, mais aussi avoir un effet vertueux en transformant aussi le parc automobile des territoires non concernés.
Rapport_ZBE_2016-2019_070518 publié par GrandParisMetropole
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