Mis à jour le jeudi 16 février 2023 by Olivier Delahaye
La mairie de Paris et la Seine-Saint-Denis ont présenté leur plan d’accessibilité vélo pour les sites des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 : 85 km de pistes et 13 000 stationnements sont prévus.
« Les associations nous disent qu’on ne va pas assez vite, et elles ont raison. Il faut accélérer. » Ce 14 février, la maire de Paris Anne Hidalgo présentait le projet de la capitale pour les pistes cyclables des Jeux olympiques 2024. En matière de vélo, comme pour ce qui concerne la végétalisation ou la problématique de la propreté de la Seine, la volonté de la ville est de se servir de l’opportunité de l’organisation des JO comme d’un accélérateur. Et l’idée est simple : relier tous les sites parisiens, mais aussi ceux situés en Seine-Saint-Denis par des pistes cyclables, « d’autant, appuie Anne Hidalgo, que le Grand Paris Express (dont une partie devait initialement être ouverte pour 2024, NDLR) ne sera pas au rendez-vous ».
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Traverser le 16e arrondissement
Pour aller du Grand Palais au Trocadéro ou bien de l’Arena Bercy à celle de la porte de la Chapelle, il faut donc pouvoir tracer en pédalant. Résumé de l’affaire : 60 km de pistes, baptisées « Olympistes » pour la circonstance. Elles porteront les couleurs des Jeux dans la signalétique qui vient d’être dévoilée par le COJOP Paris 2024. Sur ces 60 km spécifiques, il se trouve que Paris peut déjà compter sur une partie de son réseau existant, fort de 440 km. Mais, du fait de certaines discontinuités cyclables, il ne suffira pas. Près de la moitié des 60 km devront faire l’objet de nouveaux aménagements, soit environ 30 km. Pas si compliqué au vu de ce qui a été fait durant la crise COVID avec plus de 50 km aménagés en quelques semaines. D’ailleurs, Paris compte bien utiliser son expérience en la matière pour produire rapidement des pistes en aménagement tactique (et diminuer ainsi l’impact des travaux) avec l’ambition après les Jeux de tout pérenniser. Qui plus est, ces nouvelles pistes vont donc aussi lui permettre de remplir « les dents creuses cyclables » et d’effectuer un rééquilibrage est/ouest (l’ouest étant pour une fois la partie pauvre) : le boulevard Haussmann, l’avenue de Friedland ou l’avenue Mozart sont concernés ; le 16e arrondissement sera ainsi traversé par une nouvelle piste allant du centre parisien au parc des Princes. Ce sont 65 millions d’euros qui sont prévus pour soutenir cette ambition.
Paris a des rues, la Seine-Saint-Denis a des départementales
Ce qui est vrai pour Paris est aussi et surtout vrai pour la Seine-Saint-Denis où se dérouleront plusieurs compétitions et où se construit le Village des athlètes. Pour le président du département, Stéphane Troussel, les Jeux sont un « accélérateur de transformation pour le cadre de vie, les espaces publics, mais aussi pour les mobilités dans un territoire qui été particulièrement marqué par un certain nombre de coupures urbaines ». Si Paris a des rues, la Seine-Saint-Denis a des autoroutes, des nationales et des départementales. Sur les 342 kilomètres de ces départementales, 130 km sont aujourd’hui cyclables. Pour un montant de 35 millions d’euros, ce sont 25 kilomètres supplémentaires qui vont l’être dans l’optique de relier les sites olympiques entre eux et d’assurer des continuités entre le 75 et le 93. En la circonstance, c’est une partie du canal Saint-Denis (du métro Césaire à Aubervilliers jusqu’au Stade de France) qui va bénéficier d’une requalification urbaine grâce au réseau cyclable. Car le fait est avéré depuis le tramway, transformer les infrastructures viaires recrée de la ville là où il n’y en avait plus (changement du mobilier urbain, modernisation des installations, création de nouveaux espaces, etc.).
2024 : Année Un
L’enjeu vaut pour le département, mais aussi pour les communes. Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, se réjouit « de faire du canal un nouveau lieu de vie, un axe majeur à magnifier ». Il veut surtout grâce aux JO « créer quelque chose d’irréversible, permettre de nouvelles centralités et aider à la candidature de Saint-Denis comme Capitale européenne de la culture en 2028 ». L’héritage des Jeux est dans toutes les têtes, comme dans celle de Karim Bouamrane, le maire de Saint-Ouen, pour qui « 2024 doit être l’Année Un d’un changement de paradigme ». Avec pour axe : « le vélo doit changer la ville ». Il est synonyme de nouvelles infrastructures, d’embellissement, il peut aider une ville comme Saint-Ouen à retourner la ville vers le fleuve, la Seine.
La victoire des associations
À elles seules, les pistes ne suffisent pas, elles sont partie intégrante d’un écosystème qui comprend aussi les moyens en bicyclettes et en stationnements. Paris prévoit donc d’installer 10 000 places de stationnement temporaires aux abords des sites de compétition ; parkings qui seront ensuite réaffectés à des centres sportifs, des établissements scolaires et des équipements municipaux. De son côté, l’intercommunalité Plaine Commune projette de construire 3 000 places pérennes de stationnements sécurisés sur deux pôles autour du Stade de France. Des vélos en plus aussi avec Vélib’ Métropole qui va renouveler sa flotte, forte de 20 000 vélos, pour l’augmenter de 3 000 biclounes. Vélib’ annonce une fourniture spécifique pour les Jeux, après avoir effectué un test grandeur nature durant les derniers Solidays avec 800 vélos mis à disposition.
De tout ceci, les associations de cyclistes se félicitent. « Le vélo est devenu un outil central des mobilités, selon Camille Hanuise, directrice de Paris en Selle. Nous avons toujours pensé que les JO constituaient un moment charnière pour lé vélo. L’occasion est saisie. »