Mis à jour le lundi 31 janvier 2022 by Olivier Delahaye
La première intercommunalité francilienne, née en 2001, entame une nouvelle phase de son développement. Après le Stade de France, la Cité du cinéma et les Archives Nationales, c’est au tour du Grand Paris Express et de la Tangentielle Nord. Équipements, transports, tertiaire, tout concourt à faire de ce territoire regroupant neuf communes pourtant pauvres un véritable fer de lance métropolitain.
L’habitude de travailler ensemble
Il y a trente ans, les politiques ne juraient que par le rééquilibrage à l’Est, mais c’est au Nord que la plus grande métamorphose territoriale a eu lieu. Pour Jean-Louis Subileau, chargé des études urbaines pour le Territoire de la Culture et de la Création (Contrat de développement territorial sur Plaine Commune) : « Ce développement est le fruit d’une coopération exemplaire commencée de longue date puisque c’est la première intercommunalité née en Île-de-France. Cette habitude de travailler ensemble est assez exceptionnelle dans la région. Avec plus de 90 périmètres d’études et environ 40% du territoire en mutation ou requalification urbaine, l’agglomération porte un développement très fort accepté par les communes. »
De retour du MIPIM, Damien Robert, directeur général de l’EPA Plaine de France, confirme cette attractivité : « Saint-Denis était très compétitif avec des prix locatifs très bas et une connectivité d’accès à peu près identique à celle de La Défense. La perception du territoire de Plaine Commune a donc changé depuis bien longtemps, même si, pour les investisseurs, il se résume encore souvent à La Plaine-Saint-Denis, dorénavant bien identifié comme quartier d’affaires. La Défense possède d’avantage une signature financière, mais les deux sites sont clairement en compétition. »
Des chantiers partout
Comptant déjà plus de 50 000 emplois, Plaine Commune s’apprête à recevoir de nouvelles sociétés qui viendront s’ajouter à Generali, Siemens ou l’AFNOR.
Son président emblématique, Patrick Braouezec, fait ici le point :
« Nous préparons l’arrivée d’ici à fin 2015 de la deuxième tranche de SFR qui comptera alors 9 000 salariés. Nous finalisons le chantier de Veolia qui s’achèvera dans un an avec l’arrivée de 3 à 4 000 personnes. À côté de la gare du RER B de La Plaine Stade de France, un nouveau complexe de bureaux va démarrer sa construction à la fin du printemps, et nous travaillons sur les cathédrales de la SNCF à partir d’un projet partagé pour garder ces remarquables halles. Au MIPIM, nous avons signé une convention de co-maîtrise d’ouvrage avec la Société du Grand Paris en vue de réaliser le franchissement urbain à Saint-Denis Pleyel, un franchissement qui doit maintenant être acté au Contrat de plan État-Région. C’est un projet important pour Pleyel qui sera la gare d’interconnexion la plus importante et sans doute la plus emblématique du Grand Paris Express. Enfin, nous commençons à travailler autour des futures gares de la Tangentielle Nord qui vont nous permettre de développer des activités de bureaux et de logements entre Epinay et La Courneuve. Enfin, concernant le projet de Campus Condorcet, nous avons obtenu la confirmation du choix d’un partenariat public-privé (PPP) par le ministère. Le chantier démarrera dès que l’un des quatre groupes ayant postulé sera retenu. »
Plaine Commune compte déjà 47 000 étudiants répartis entre Paris 8 et Paris 13. Pour Jean-Louis Subileau, l’arrivée de 9 000 nouveaux enseignants-chercheurs favorisera le développement du Territoire de la Culture et de la Création : « Il existe déjà avec une multitude d’entreprises dans tous les domaines créatifs comme le numérique culturel, la vente par Internet, des artistes en résidences et la volonté politique d’utiliser les anciennes structures industrielles pour accueillir des start-up qui profiteront de la présence de grands groupes. Grâce au campus, le lien avec l’université va se renforcer. »
Un territoire qui part de loin
Cohérent, ce développement a aussi ses points faibles comme le souligne l’urbaniste : « Ces 30 000 emplois créés dans le privé en 10 ans n’ont pas permis de faire baisser le chômage ; les emplois ne correspondant pas tout à fait aux qualifications de la population. » À ce sujet, il rappelle : « Plaine Commune assume et tente de résoudre une grande partie des problèmes de l’Île-de-France, notamment le logement. L’interco accepte d’accueillir des populations essentielles dans une métropole, les nouveaux migrants et les travailleurs pauvres, ce qui crée une difficulté assumée par les collectivités. » Le revenu médian des habitants est en effet de 11 000 euros par an contre 23 000 en Île-de-France.
« Pourtant, poursuit Jean-Louis Subileau, Plaine Commune s’est engagée à construire 4 200 logements par an là où Grand Paris Sud-Ouest (GPSO, l’autre grande intercommunalité métropolitaine, NDLR) en bâtira moins de 2 000 à périmètre et population comparables. La contribution de Plaine Commune au développement et à la résolution des problèmes de la métropole est en adéquation avec les investissements en transports qui sont en cours. Justice est donc rendue car ce n’est que la contrepartie d’un engagement considérable. »
Dans les dix ans, ce territoire limitrophe de Paris va en effet disposer d’un maillage de transports comparable à celui des arrondissements parisiens les mieux lotis. Plaine Commune a ainsi obtenu que les travaux du Tram Express Nord démarrent au cœur de son territoire. Pour Patrick Braouezec : « C’est la reconnaissance du travail qui a été mené depuis la création de la communauté d’agglo. Le fait qu’on arrive tous ensemble avec un projet cohérent a pesé dans sa prise en compte dans le contrat de plan état-région ».
Cinq gares pour le GPE
« Cette arrivée va déclencher, ou accélérer, une deuxième phase de développement », affirme Damien Robert. « De son côté, le Grand Paris Express (GPE) va accentuer le lien avec Roissy avec d’un côté un grand hub aéroportuaire et de l’autre un futur grand hub ferroviaire à Pleyel avec l’interconnexion des lignes 13,14, 15, 16 et 17. Tout cela devrait entrainer un développement faramineux ». Jean-Louis Subileau précise : « 130 000 voyageurs transiteront chaque jour autour de la gare Pleyel. Cet équipement facilitera l’articulation entre la Seine, la Cité du cinéma et le Grand stade ».
Et Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris, surenchérit : « Il est certain que demain la gare de Pleyel sera un hub considérable qui valorisera l’ensemble du quartier. Ce projet confortera ce territoire qui connait déjà un développement économique important. Cela est également vrai de tous les territoires situés entre Paris et les aéroports. » Et cela pourrait ne pas s’arrêter là. Philippe Yvin précise : « Si une gare d’interconnexion TGV n’est pas de notre ressort, la SNCF a depuis longtemps des projets pour créer des gares TGV supplémentaires notamment à Pleyel et Orly. » Or, la SNCF le sait très bien : la Gare du Nord est saturée et son expansion est difficile à réaliser.
Patrick Braouezec y croit : « Nous avons toujours défendu ce projet qui se justifierait d’autant plus si la Ville de Paris est candidate aux Jeux Olympiques. Cela éviterait aux trains arrivant du Nord de rentrer dans Paris pour retourner ensuite au Stade De France. Pour l’instant, la SNCF attend la candidature de Paris (actée depuis hier, NDLR) et la résolution du franchissement de Pleyel qui nécessite un gros travail en amont, par exemple pour le rabattement de postes. »
Les JO, un accélérateur de projets
Même Anne Hidalgo, qui était plutôt favorable au projet d’Exposition universelle, a dû s’y soumettre. Pour Patrick Braouezec : « Il est certain que ces JO seraient un facteur d’accélération comme l’a été le Stade de France. Cela nous garantirait la réalisation de ces chantiers pour 2023, ce qui est normalement le cas, mais avec les travaux on ne sait jamais… D’ailleurs, la simple candidature entrainerait la mise en chantier de certaines réalisations. Nous avons déjà travaillé avec Bernard Lapasset (président de l’association Ambition Olympique chargée de préparer une candidature parisienne à l’organisation des JO 2024, NDLR) et la mission de préfiguration pour identifier les sites qui pourraient accueillir le village olympique et le pôle médias qui se situeraient autour du Stade de France. » Comme le rappelle Damien Robert, « les Jeux seraient un accélérateur pour ce territoire qui accueillerait une bonne partie des équipements dont la piscine olympique. »
Des projets partagés avec Paris
La restructuration très lourde des barrières séparant Paris de la Seine-Saint-Denis est en cours. Ce que confirme Patrick Braouezec : « Notre prochaine rencontre* avec Paris réunira quatorze élus d’Anne Hidalgo. De notre côté, nous viendrons avec les maires concernés pour étudier les projets Nord-Est et tous ceux allant de la porte de la Chapelle à la porte d’Aubervilliers. Depuis l’arrivée de Saint-Ouen dans notre interco en 2013, nous travaillons aussi sur le linéaire entre la porte Pouchet et la porte de Clignancourt. » Comme le rappelle Jean-Louis Subileau : « Le lien entre Paris et le centre de Saint-Denis est une reconquête essentielle pour les élus. Mais il ne faut pas opposer les anciennes centralités aux nouvelles. »
D’ailleurs, Plaine Commune se tourne aussi vers ses autres voisins. Ce que confirme Patrick Braouezec : « Nous travaillons de la même manière avec d’autres agglos du nord autour du tram. Avec les Hauts-de-Seine, nous développons des projets concernant le fleuve. » L’élu compte aussi renforcer son dialogue avec Le Bourget, notamment autour du projet d’éoliennes du parc de La Courneuve qu’il conteste fortement.
Quel avenir demain pour Plaine Commune au sein de la Métropole ?
« Je ne peux pas vous donner la réponse » affirme Patrick Braouezec. « Tout dépend du texte de loi qui doit être adopté. En tout cas, je ne vois pas comment cette métropole du Grand Paris pourrait voir le jour le 1er janvier 2016 quand on sait que le texte actuel est impraticable et que le texte final ne sera pas adopté avant octobre sans compter d’éventuels recours. Tout le monde aurait beaucoup à perdre à casser les dynamiques territoriales actuelles pour créer une coquille vide qui ne garantirait pas une continuité de l’action publique. »
* Le 12 février 2015, Anne Hidalgo et Patrick Braouezec avaient tenu une première réunion commune à leurs deux exécutifs, en vue de renforcer la coopération entre Paris et Plaine Commune, mais aussi de créer une ligne de front, à quelques mois de la naissance de la Métropole du Grand Paris.
Les délais de conception et de réalisation du pôle d’échanges Pleyel dont le coût devrait dépasser le milliard d’euros écartent ce site pour y implanter le village olympique dont la localisation devra figurer dans le dossier de candidature de septembre 2015.Le site de La Courneuve ( parc Georges Valbon ) semble compromis du fait des oppositions locales à son amputation.
La gare des Mines , friche ferroviaire qui s’étend sur Paris, St-Denis et Aubervilliers pourrait convenir associée à une autre friche ferroviaire voisine la gare Chapelle charbon.
[…] Source: gpmetropole-infos.fr […]