Mis à jour le dimanche 13 mars 2022 by Olivier Delahaye
PORTRAITS DES TERRITOIRES. Avec la tenue de la COP21, Le Bourget sera à l’honneur en décembre 2015. Mais l’unité de ce territoire reste à démontrer. Sans passé commun, sans unité politique, son avenir demeure à bâtir.
Il existe peu de liens entre les 10 493 habitants de Dugny, ville dirigée par l’UMP, et les 49 442 habitants de Sevran qui ont pour maire Stéphane Gatignon, ex PCF et Europe écologie. La première formait avec Drancy et Le Bourget la Communauté d’Agglomération de l’Aéroport du Bourget tandis que la seconde constituait avec Tremblay-en-France et Villepinte la Communauté d’Agglomération Terres de France. À côté de ces deux agglos, deux villes n’appartenaient à aucun regroupement : Le Blanc-Mesnil et Aulnay-sous-Bois qui, avec 81 899 habitants, est pourtant la plus peuplée de ce nouveau territoire qui regroupe désormais huit villes aux histoires bien différentes.
Des CDT enchevêtrés
Au site Localtis Jacques J.P. Martin, ancien président de Paris métropole, affirmait : « Il y a une cohérence à trouver entre l’intercommunalité et le CDT, sinon ce sera compliqué ». Ces villes ont pourtant signé des contrats de développement qui les lient non seulement à des communes extérieures au territoire, mais aussi à d’autres départements. Ainsi, le contrat de développement territorial de Cœur économique Roissy Terres de France concerne deux communes de Terres de France (Tremblay-en-France et Villepinte), mais aussi Goussainville, Le Thillay, Roissy-en-France et Vaudherland dans le Val d’Oise. Quant au CDT du Pôle métropolitain du Bourget, il lie Le Bourget, Drancy et Dugny, mais aussi Le Blanc-Mesnil, Bonneuil-en-France et La Courneuve. Cette confusion entre CDT et territoires constituera un facteur de complexification.
Une palette politique
Cette ancienne place forte du parti communiste a bien changé. Aujourd’hui, quatre villes sont entrées dans le giron de l’UMP et une seule demeure aux mains du Front de Gauche, Tremblay. Si François Asensi, ancien secrétaire départemental du PC, demeure une figure respectée, il n’a toujours pas à 70 ans de successeur désigné. Stéphane Gatignon, maire de Sevran, aurait pu être celui-ci mais après avoir quitté le PCF et Europe écologie en 2015 il est à couteaux tirés avec son ancien mentor. Si les deux hommes partagent des valeurs communes, le premier n’a pas hésité à faire battre le second à l’élection du syndicat intercommunal SEAPFA, faisant élire la principale figure de l’UMP, Bruno Beschizza, maire d’Aulnay et ancien secrétaire général du syndicat de Police Synergie-Officiers. En fait, l’homme fort du territoire pourrait être l’un des deux élus UDI, Jean-Christophe Lagarde, maire de Drancy.
Sans Roissy
Depuis que la question du Grand Paris se pose, la question de Roissy CDG a toujours été soulevée sans être résolue. Force est de constater que ce Territoire des aéroports n’en compte qu’un, Le Bourget, certes le premier d’affaires en Europe, mais il ne comprend donc pas la plus grande plateforme aéroportuaire d’Europe continentale. De plus, même si nul ne sait si le projet aboutira, Europacity qui pourrait être un futur grand pôle du nord francilien se trouve en dehors du périmètre. Notons enfin que seuls trois territoires métropolitains ne jouxtent pas la capitale, dont celui des aéroports.
Des points forts à structurer
Aujourd’hui, le territoire peut compter sur le dynamisme du Parc des expositions de Villepinte, l’un des rares en Europe à pouvoir encore s’agrandir. Il peut également s’appuyer sur son pôle d’excellence aéronautique qui pourrait profiter de l’arrivée de la nouvelle usine d’Eurocopter et d’une partie du centre de Recherche & Développement d’EADS (Innovations Works) pour faire émerger un cluster aéronautique. Mais le CDT soulignait aussi la nécessité d’une requalification urbaine pour ce territoire fragmenté par les infrastructures de transports comme le montre la gare de triage de Drancy. Incontestablement, l’arrivée du GPE bénéficiera à ces villes et notamment au Bourget qui demeure d’un accès encore trop difficile pour développer son parc d’activités. Le projet sans cesse remis du réaménagement du Musée de l’Air et de l’Espace lui permettrait aussi de valoriser son image.
Et Aulnay PSA ?
Fermé depuis 2014, ce site de 180 hectares forme une friche plus vaste que La Défense et Puteaux réunis. Comme prévu, ID Logistics a été le premier à s’y installer, marquant ainsi la mutation de ce périmètre idéalement situé entre Paris et Roissy. Sur 178 000 m2, ce logisticien devrait créer 590 emplois. Parallèlement, la Société du Grand Paris devrait y implanter un centre de maintenance le long de l’autoroute A1, et Siemens a fait connaître son intérêt au cas où elle remporterait l’appel d’offres du Grand Paris Express (GPE). PSA, sous pression de l’État, s’est en effet engagé à conserver une vocation industrielle au site. Le constructeur envisage d’y former 10 000 collaborateurs par an et pourrait y présenter toutes les Citroën produites depuis 95 ans, une collection aujourd’hui invisible du public. Mais placé entre les futures gares du Grand Paris Express et le RER, et hors plan d’exposition au bruit (PEB, la friche industrielle possède aussi une vocation urbaine stratégique. L’EPA Plaine de France réfléchit donc à y construire du logement.
L’équipement sportif
Cinq gares du GPE (Drancy-Bobigny, Le Bourget aéroport, Le Blanc Mesnil, Sevran et Aulnay) faciliteront la desserte du Colisée, complexe sportif qui devrait ouvrir à Tremblay en 2019. Ses deux salles de 8 000 et 10 000 places accueilleront aussi des manifestations culturelles et événementielles, mais ses partisans souhaiteraient aussi en faire un site olympique au cas où Paris obtiendrait l’organisation des JO 2024. L’équipement favorisera, de toute façon, l’attractivité de ce territoire dont la mutation s’engage à peine.
T7, Territoire des aéroports
Population (INSEE 2012) : 349 133 habitants
Superficie : 78,1 km2
Conseillers métropolitains : 9
Conseillers territoriaux : 72
Villes :
Aulnay-sous-Bois
Le Blanc-Mesnil
Le Bourget
Drancy
Dugny
Sevran
Tremblay-en-France
Villepinte

Bonjour, 1 petit commentaire. Vous dites qu’un seul aéroport est dans le territoire, sous entendant que Roissy n’y est pas. Cependant, en regardant une carte détaillée, vous verrez qu’une bonne moitié de la surface de l’aéroport est sur le territoire de Tremblay : la quasi totalité de la zone fret, les terminaux 2 et suivants, le siège d’Air France, la gare TGV, les pistes sud, les principaux hôtels etc. Seul le terminal 1 et les pistes nord sont sur Roissy. Bref, économiquement parlant, on parle là de ressources ( notamment fiscales) très importantes, qui seront bien dans le T7. Cordialement.
C’est d’ailleurs parce qu’une grande partie de l’aéroport Charles de Gaulle se situe sur le territoire de la commune de Tremblay-en-France que ce dernier dépend de l »autorité préfectorale de la Seine-Saint-Denis, avec un préfet délégué aux aéroports au près du préfet de la Seine-Saint-Denis. Il est vraiment étonnant qu’un journaliste d’un site institutionnel, celui du syndicat mixte Paris Métropole, n’ait pas connaissance de la présence de l’aéroport Charles de Gaulle en Seine Saint-Denis.
Merci pour votre commentaire qui en appelle deux autres :
D’une part, vous nous faites beaucoup d’honneur, mais Grand Paris Métropole est un site indépendant et n’est absolument pas le site institutionnel du syndicat mixte Paris Métropole.
D’autre part, comme vous le dites, CDG ne se situe qu’en « grande partie » sur le territoire de la Seine-Saint-Denis. De fait, le T7, dit Territoire des aéroports, n’englobe pas toute la superficie de cet aéroport qui, de fait, n’est pas entièrement situé dans le territoire de la Métropole du Grand Paris, ce qui semble peu cohérent en termes d’aménagement.
Je vous invite par ailleurs à lire à ce sujet divers commentaires comme celui de la Fondation Ifrap dédiée à l’analyse des politiques publiques :
« Sur le plan du développement économique, la question du périmètre peut se poser. Comment parler de rayonnement international si on ne prend pas en compte le principal aéroport de la région Roissy Charles de Gaule dans le périmètre de la métropole ? »
http://www.ifrap.org/etat-et-collectivites/grand-paris-vers-une-coquille-vide
Vous pouvez aussi consulter cet article de L’Express :
« En se limitant à la ville de Paris et aux trois départements de la petite couronne, ce soi-disant « Grand Paris » laisse de côté des secteurs aussi stratégiques que l’aéroport de Roissy, le pôle scientifique de Saclay ou Eurodisney !
http://www.lexpress.fr/region/la-metropole-du-grand-paris-pour-ceux-qui-n-y-comprennent-rien_1306380.html
Ou encore consulter ce blog de Jacqueline Lorthois, urbaniste :
« L’absence de la totalité du pôle de Roissy dans la Métropole du Grand Paris (T7)
Qu’y a-t-il de plus métropolitain que l’aéroport CDG, 2ème rang européen, 10ème rang mondial ? C’est par Roissy qu’arrivent les visiteurs, les politiques qui contribuent à faire de Paris la fameuse « ville-monde » qui a justifié la création du Grand-Paris. Il est absurde que la MGP intègre une partie seulement du périmètre d’Aéroport de Paris (Tremblay-en-France) et que la commune de Roissy3 –par égoïsme local pour ne pas partager ses richesses avec le 93 – ait migré le siège social de son intercommunalité à Louvres, pensant échapper ainsi à la situation de « commune contiguë » qui aurait peut-être suscité son rattachement à Tremblay-en-France. La situation actuelle est caricaturale : un pôle coupé en deux et notre principale « porte sur le monde » propose d’adhérer à un ensemble de communes péri-urbaines et rurales, formant deux ailes de papillon l’une sur le Val d’Oise, l’autre sur la Seine-et-Marne. Comment ce papillon pourrait-il prendre son envol, amputé de la moitié de sa tête ? Ceci est d’autant moins acceptable qu’au Sud l’unité d’Orly est préservée à peu de chose près (intégration de Paray-Vieille-Poste). De plus, comment une intercommunalité qui s’appelle « Territoire des aéroports » pourrait-elle englober Le Bourget et non Roissy ? Faute d’intégrer ces emplois, T7 plafonne avec l’un des plus mauvais taux d’emploi (0,62, soit 3 actifs pour 2 emplois) de la Métropole, alors que ce que l’on appelle le « cœur de pôle de Roissy » regroupe 150 000 postes sur 7 communes ».
http://j-lorthiois.fr/wp-content/documents/pdf/V4MGP.pdf
Je vous remercie pour votre réponse et vous prie d’excuser l’erreur concernant la nature du site. Concernant le passé commun, il existe deux traditions de coopération intercommunale sur le territoire T7 : l’ex-communauté d’agglomération de l’aéroport du Bourget et le Syndicat d’équipement et d’aménagement des Pays de France et de l’Aulnoye, fondé en 1971 par Robert Ballanger, alors maire d’Aulnay-sous-Bois, ancien SIVOM devenu syndicat mixte « à la carte » en 1992, regroupant les 5 autres communes du territoire (correspondant à l’ancienne 8e circonscription de la Seine-Saint-Denis, de 1967 à 1986). L’ex-communauté d’agglomération Terres de France fait d’ailleurs partie du SEAPFA.
Il y a bien une histoire d’urbanisation commune entre Aulnay-sous-Bois, Sevran, Villepinte et Tremblay-en-France, lorsqu’une ZUP de 461 ha, à cheval sur ces quatre communes, avait été créée, remplacée par des ZAC, dont l’aménagement avait été confié à une société d’économie mixte commune, la SAES (Société d’aménagement économique et social). Garonor est situé à cheval sur les communes du Blanc-Mesnil et d’Aulnay-sous-Bois et il y aune contiguïté des zones d’activité des Mardelles, de la Fosse à la Barbière, de la Garenne, du Centre commercial O’Parinor, situées à Aulnay-sous-Bois et celle du Coudray, située au Blanc-Mesnil. De même, le parc d’activité des Molettes est situé sur les territoires du Blanc-Mesnil, du Bourget et de Drancy.
François Asensi est-il si isolé que cela ? Il s’est très bien entendu avec Martine Valleton (maire UMP de Villepinte) pour la gestion et le partage des pouvoirs au sein de Terres de France (au détriment de Stéphane Gatignon, d’ailleurs), avec Bruno Bruno Beschizza, maire UMP d’Aulnay-sous-Bois, et Thierry Meignen, maire UMP du Blanc-Mesnil, pour le SEAPFA.
En termes d’emplois, le nombre d’emplois réduit qu’indique l’Insee à Tremblay-en-France, au profit de Roissy-en-France, résulte d’un biais en termes de comptabilisation. D’ailleurs, la Chambre de commerce et d’industrie fournit un chiffre bien plus élevé pour Tremblay-en-France.
En revanche, on peut légitimement souligner l’imperfection d’une construction institutionnelle qui laisse de côté les autres communes sur lesquelles est bâti l’aéroport, même si ces communes sont désormais insérées dans une communauté d’agglomération interdépartementale (contestée d’ailleurs par certains élus), la communauté d’agglomération de Roissy Pays de France, dont le siège est à Roissy-en-France.
L’enchevêtrement des institutions demeure un problème majeur en Île-de-France puisque l’Établissement public d’aménagement de la Plaine de France ne recouvre pas les communes de Seine-et-Marne liées à l’aéroport.