Trafic fluvial : l’effet Grand Paris se fait déjà sentir

Vue générale Darse Nord Est du port de Bonneuil-sur-Marne (Val de Marne).

Mis à jour le mardi 19 mai 2020 by Olivier Delahaye

Ce 30 janvier, le GIE Haropa présentait un bilan 2016 en demi-teinte pour ses trois ports. Dans un environnement économique atone, les projets du Grand Paris font l’effet d’une bouffée d’air.

Le contexte général est certes morose. En 2016, les ports du Havre, de Rouen et de Paris réunis au sein du groupement d’intérêt économique Haropa ont connu une baisse globale des trafics maritimes de 4,8 % pour s’établir à 87 millions de tonnes (Mt). Tout a baissé. Les vracs liquides ont baissé de 4,3 %, le seul trafic des produits pétroliers ayant diminué de 3 %. Les vracs solides ont baissé de 9,5 %, avec une diminution de 17 % pour les seules céréales. Et le trafic de conteneurs a lui aussi baissé de 2,4 %.

Les causes sont diverses, ce qui ferait dire que 2016 a vraiment joué de malchance. Tout d’abord, une croissance mondiale faible qui impacte les échanges internationaux, la croissance du commerce mondiale étant de +1,7 % contre +2,8 % en 2015. Ensuite, les arrêts partiels de raffineries au Havre, imputables notamment aux mouvements sociaux du printemps. Et puis les conditions météorologiques désastreuses qui ont affecté la campagne céréalière, tant en qualité qu’en quantité. Enfin, la baisse du volume des transbordements qui a affecté le trafic de conteneurs.

Tout n’est pas noir

Malgré ces mauvaises nouvelles, Haropa voit des raisons d’espérer. Tout d’abord, parce qu’en matière de conteneurs sa part de marché sur le Range nord (ports du nord de l’Europe) résiste à 6,4 %, avec une progression de 10 % depuis 2011 (5,9 %). Loin encore, cependant, des 30 % de Rotterdam et des 24,5 % d’Anvers. Hormis le trou d’air conjoncturel des céréales, le trafic des vracs solides est resté stable avec même une vraie progression du côté des engrais (+10,5 %) et des autres vracs agroalimentaires (+11 %). L’activité du port du Havre s’est aussi étendue en direction de son hinterland, avec une progression de 0,4 % ; une nouvelle liaison ferroviaire a d’ailleurs vu le jour pour la ville allemande de Ludwigshafen, point clef de la desserte vers l’Europe centrale. Quant aux investissements privés et publics (industries, entrepôts logistiques et manutention), ils sont passés de 450 M€ en 2015 à 527 M€ en 2016 (+17 %) sur l’ensemble des trois ports. La filière touristique, elle, a battu des records avec une croissance de +44 % par rapport à 2015 (362 000 passagers).

Enfin, les échanges fluviaux de conteneurs ont augmenté de 11 % depuis Le Havre. Un trafic fluvial qui est une des raisons d’être d’Haropa sur le fameux Axe Seine, à tel point que les présidents des deux Régions (Hervé Morin pour la Normandie et Valérie Pécresse pour l’Île-de-France) souhaiteraient que ses trois ports fusionnent définitivement.

Année record pour le transport de déblais

D’ailleurs, un effet Grand Paris est bel et bien en train d’émerger sur cet Axe Seine. Pour la seule Île-de-France, les tonnages fluviaux ont augmenté de 0,9 % à 20,2 Mt tirés par les chantiers du Grand Paris Express (GPE) et la reprise du secteur bâtiment, le trafic fluvial de matériaux de construction atteignant près de 10 Mt (+2,3 %). 2016 fut même une année record pour la filière des déchets de chantier franciliens qui affiche un trafic fluvial de 4,5 Mt. Soit une progression de 33 % en un an principalement due au chantier de la ligne 14 du métro. Haropa s’attend à des résultats au moins similaires pour les années 2017 et 2018 grâce aux travaux qui vont débuter sur la ligne 15 du GPE. D’évidence, le GIE entend bien tout faire pour capter une part maximale des 43 Mt de déblais prévus par la construction du super métro. Une convention signée en 2013 avec la Société du Grand Paris vise d’ailleurs à encourager la voie d’eau pour l’évacuation de ces déblais.

Avec de gros investissements à la clef. À Vitry-sur-Seine (94), ce sont 7 M€ que Port de Paris débourse pour finaliser courant 2018 un port urbain sur 1,5 ha. À Triel-sur-Seine (78), un éco-port de 34 ha est prévu à l’horizon 2019 pour lequel Port de Paris investit 23 M€. À Limay (78), ce sont 20 M€ pour l’extension du port sur 32 ha d’ici 2022. Un terrain de 3,3 ha sur le port de Bonneuil-sur-Marne (94) et un autre de 14 ha sur le port de Bruyères-sur-Oise (95) ont aussi été réservés pour accueillir deux nouvelles installations de caractérisation et de traitement de déblais de chantier. Mais le plus gros morceau, c’est Port Seine Métropole Ouest qui s’étendra sur une centaine d’hectares sur les communes d’Achères, Andrésy et Conflans-Sainte-Honorine (78). Une plateforme multimodale dédiée aux professionnels du BTP dont le coût s’élève à 110 M€. Dès 2020, ce port devrait être opérationnel sur une vingtaine d’hectares.

Reste à connaître le devenir de ces infrastructures une fois le GPE définitivement sur les rails.

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