Alors que différentes études pointent la très médiocre qualité de l’air dans les réseaux souterrains des transports publics, Île-de-France Mobilités a décidé de se doter d’un plan d’action pour tenter de l’améliorer.
L’an passé, l’association Respire dénonçait des « chiffres trompeurs » de la RATP quant à la qualité de l’air à l’intérieur des stations de métro. À partir d’une étude réalisée au sein de dix stations, Respire affirmait : « Les valeurs ne correspondent pas à la pollution réelle dans les stations, avec des écarts qui atteignent un facteur 10. »
Des quais de gare très exposés
De son côté, Airparif avait publié en 2020 une étude de la qualité de l’air sur les quais des gares souterraines de la SNCF. Sur 24 gares étudiées, les niveaux moyens de mesure en particules PM10, s’ils pouvaient être très variables, présentaient de nombreux dépassements par rapport aux seuils définis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ainsi, les niveaux enregistrés à la gare de Sevran-Beaudottes pouvaient s’élever jusqu’à 230 μg/m3, le seuil de référence de l’OMS étant fixé alors à 50 μg/m3 pour 24 heures (relevé à 45 μg/m3 en 2021). Idem pour les particules 2.5, avec une variabilité moindre : Airparif avait constaté des concentrations allant jusqu’à 80 μg/m3 à la gare de l’aéroport Charles-De-Gaulle alors que les préconisations de l’OMS étaient de 25 μg/m3 pour 24 heures (relevé à 15 μg/m3 en 2021). Et Airparif de conclure que « le quai de gare est l’environnement des gares le plus exposant aux particules, quelle que soit la gare étudiée ».
Transparence et amélioration des données
Depuis, Île-de-France Mobilités (IDFM), autorité organisatrice des transports franciliens, a initié des appels à projets pour expérimenter des solutions innovantes afin de limiter les émissions de particules fines et ultrafines. Lors de son dernier Conseil de surveillance, l’AO a même décidé d’un plan d’action en trois axes pour améliorer la qualité de l’air dans les enceintes ferroviaires souterraines ; ceci en partenariat avec ses opérateurs RATP et SNCF. À la suite de la polémique suscitée par les révélations de Respire, l’une des priorités devient « la transparence des données collectées avec davantage de données disponibles en Open Data pour mieux informer les voyageurs ». IDFM doit donc initier un nouveau partenariat avec Airparif « pour disposer d’une expertise scientifique, améliorer les méthodes de mesures, expertiser les solutions proposées par les opérateurs et recommander les actions les plus utiles et les plus efficaces. » Par ailleurs, alors que 8 sites sont à l’heure actuelle équipés de stations de mesure, des captations ponctuelles seront effectuées « afin d’obtenir une meilleure cartographie des réseaux ».
Moins polluer, mieux ventiler
Deuxième axe du plan : faire évoluer le matériel roulant. Alors que leur modernisation est déjà en cours dans le cadre d’un programme de renouvellement qui doit aboutir en 2034, IDFM demande aux opérateurs un nouvel effort pour expérimenter et développer de nouveaux systèmes vertueux concernant les émissions de particules liées au freinage (nouvelles semelles et garnitures de frein, système de captation des particules de freinage). Le troisième axe, quant à lui, concerne les outils (existants ou en test) permettant un meilleur renouvellement de l’air en souterrain. « Une quarantaine de ventilateurs vont être renouvelés ou voir leur capacité de ventilation augmenter dans les 2 prochaines années dans les zones opérées par la RATP et des ventilateurs sont à l’étude pour être ajouté à Sevran-Beaudottes (RER B) et Cergy-Préfecture (SNCF) », explique ainsi IDFM. En parallèle, IDFM compte sur l’innovation, notamment sur les technologies retenues dans le cadre de l’appel à projets de la Région Île-de-France lancé en 2018. Quatre sites pilotes ont été sélectionnés pour tester quatre technologies différentes :
– Gare de Lyon (RER A), la RATP expérimentera une solution de piégeage des particules ;
– Avenue Foch (RER C), la SNCF teste un dispositif de captation passive des particules (TrapAparT) ;
– Porte de Clichy (REC C), expérimentation d’un dispositif par filtration mécanique (Mann+Hummel) avec la SNCF ;
– Neuilly Porte Maillot (RER C), expérimentation d’un dispositif par filtration à eau (Starklab) avec la SNCF.