Mis à jour le samedi 6 juin 2020 by Olivier Delahaye
DOCUMENT. L’Île-de-France concentre 43 % des ménages français à très hauts revenus. Ces 43 % représentent 276 000 personnes, soit 2,3 % de la population francilienne. C’est ce que nous enseigne une étude de l’Insee parue le 12 mai. L’étude précise qu’une personne « se situe parmi les très hauts revenus si le revenu initial annuel de son ménage fiscal par unité de consommation dépasse 108 670 euros ». Sur ses 12 millions d’habitants, soit 19 % de la population française, l’Île-de-France en regroupe donc quatre sur dix. Une densité assez considérable.
On savait l’Île-de-France région très fortement inégalitaire géographiquement. Les chiffres de l’Insee viennent le confirmer. « Près de la moitié (47,1 %) des Franciliens à très hauts revenus résident à Paris, où ils représentent 6 % de la population », nous disent ses auteurs. Au sein de la capitale, ces très hauts revenus élisent majoritairement domicile dans le centre et l’ouest de la capitale. Véritable ghetto de riches, le 7earrondissement possède une proportion de plus de 23 % de très hauts revenus. Une part non négligeable lorsque l’on sait que le 7eest aussi l’un des arrondissements les moins denses de la capitale. Cela vient évidemment corroborer le classement des prix de l’immobilier parisien, le 7eétant le deuxième arrondissement le plus cher de Paris : 13 708 €/m2.
Qu’en est-il pour le Grand Paris ? Sur ses 7,1 millions d’habitants, 219 400 sont considérés à très hauts revenus. Soit une proportion de 3 % à l’échelle de la métropole et une part de 34 % au niveau national.
La fracture Est/Ouest y est considérable. « La population à très hauts revenus est également très présente dans les Hauts-de-Seine (4 %) », explique l’Insee. Marnes-la-Coquette avec 260 personnes à très hauts revenus sur une population de 1 741 âmes y fait aussi figure de ghetto. Et si l’on regarde la carte de l’Insee (ci-dessous), on se rend compte que les communes du 92 les plus délaissées par ces hauts revenus sont Gennevilliers, à l’extrême nord du département (limitrophe à la Seine-Saint-Denis), et Bagneux, à l’extrême sud-est (limitrophe au Val-de-Marne). Comme l’on peut s’en douter, la Seine-Saint-Denis est le département du Grand Paris comptant le moins de très hauts revenus : 0,3 % de sa population. Sur ses 40 communes, seules 7 comptabilisent plus de 200 personnes à très hauts revenus ; Le Raincy, avec une part de 3 % de sa population, y fait figure d’îlot perdu au milieu du département.
Le dynamisme économique de la métropole parisienne, sa forte densité en sièges sociaux ainsi que le nombre important de ses cadres peuvent expliquer cette forte proportion de très hauts revenus. Ils n’expliquent pas la fracture qu’il faut plutôt aller dénicher dans la gentrification des quartiers (y compris d’anciens quartiers populaires parisiens tels que le 9earrondissement qui, avec 10 % de ces 58 000 habitants possédant de très hauts revenus se classe juste derrière les arrondissements de l’ouest) et l’entre-soi.
Comment en effet analyser autrement la place qu’occupe la Seine-Saint-Denis, département où la part des cadres a été multipliée par deux en 30 ans (un taux de 24 % de son emploi en 2015 qui la place au 5erang des départements français), où des sièges sociaux se sont implantés en masse depuis quelques années et qui bénéficie d’un dynamisme tiré par plusieurs pôles économiques (La Plaine-Saint-Denis, Saint-Ouen, Roissy…) ? Dans une étude parue au mois de février, l’Insee rappelait que l’essor des emplois dans le 93 (+8 % entre 2010 et 2015) « figure parmi les plus élevés du pays », mais qu’« en raison des interdépendances que le département entretient avec le reste de l’Île-de-France, plus de 70 % de ces emplois hautement qualifiés sont occupés par des non-résidents, soit le plus fort taux de France métropolitaine. » Les très hauts revenus vivent dans l’ouest du Grand Paris, mais n’y travaillent pas forcément.
Insee Flash Ile de France publié par GrandParisMetropole