Mis à jour le mardi 19 mai 2020 by Olivier Delahaye
https://www.flickr.com/photos/grand_paris_metropole/albums/72157678664219674/
Le territoire de Vitry a été habité bien avant l’époque gauloise, des haches de pierre polie et de bronze des époques paléolithiques et néolithiques ayant été retrouvées lors de fouilles autour du Port à l’Anglais, des carrières de Gournay et du parc des Lilas. Un squelette de Palaeotherium, datant de l’ère tertiaire a aussi été mis à jour et est désormais dans les collections du Muséum National d’Histoire Naturelle. Une nécropole datant du IIIème siècle avant Jesus-Christ a été découverte dans la plaine de Vitry et de nombreuses armes présentes dans les sépultures montrent que des guerriers Parisii habitaient en ce lieu.
La célèbre bataille de Lutèce, opposant les légions romaines de Titus à une coalition gauloise dirigée par Camulogène, se serait déroulée en 54 avant J-C dans la plaine de Vitry. A l’époque où les romains occupent Vitry un certain Victorius va donner son nom à la ville qui s’appellera successivement Victoriacum, Victorium, puis Vitriacum, et enfin Vitry, dont on retrouve le nom sur des actes dès le 12è siècle. De cette époque il reste aussi une voie romaine qui passait au niveau de la rue Constant Coquelin, dont on trouve encore des traces à Paris, avenue de Choisy et à Orly, et qui est désormais la D5.
De nombreuses ferment sont installées sur le territoire et après la mort de Clovis, lorsque le royaume est partagé,le village appartient désormais au domaine royal du royaume de Neustrie.
Un monastère est fondé en 873 et on note déjà la présence de l’église Saint Gervais et saint Protais qui sera détruite par les Normands qui pillent Vitry en 886 et 887. Cette paroisse, plus petite des églises de Vitry, dépendant du chapitre saint-Marcel sera reconstruite au 13 ème siècle. La plus imposante des paroisses, Saint-Germain de Notre Dame de Paris sera bâtie au XIIè siècle puis agrandie et modifiée jusqu’au XIV ème siècle, expliquant qu’on peut trouver la présence de plusieurs styles allant du Roman au Gothique. Les derniers travaux dans cette paroisse datent du début des années 2000 avec la restauration du clocher.
Jusqu’au XIIIème siècle, la presque totalité des biens appartient à des ordres religieux. En 1271, Jean Langlois, ancien serf du Chapitre Notre-Dame fait construire un port sur la Seine, le Port à L’Anglais où se trouve le seul point de passage pour traverser le fleuve en barque.
Vitry fait parti des domaines de chasses aristocratiques, ce qui explique en grande partie le développement rapide de la voirie.
Lors de la grande Jacquerie en 1358 des combats sanglants se déroulèrent au Port à l’Anglais, le dauphin Charles ayant installé son camp à Charenton pour maintenir le blocus de Paris. A la fin du XIVème siècle, « Vitry près Paris » est une des rares villes à avoir une administration municipale.
Au XVème siècle, en 1462, une visite archidiaconale nous donne une information sur la population du village. Les deux paroisses compteraient environ 47 « feux », soit 47 foyers avec une moyenne de 4,5 personnes par foyer, donc un peu plus de 200 habitants.
Ces mêmes visites font état qu’en 1465, de nombreux biens ont été perdus au cours de la guerre de la Ligue du Bien public opposant des grands seigneurs venus investir Paris au roi Louis XI.Des laïcs commencent à acheter des terres aux communautés religieuses et ainsi se forment des fiefs qui appartiennent désormais à ceux qu’on appelle « en partie seigneurs de Vitry ».
En 1572, lors de la Saint-Barthelemy, les réformés qui fuient Paris sont bloqués apr un barrage au Port à l’Anglais et massacrés.
Le 24 avril 1617, Nicolas de Vitry qui a fait assassiner le maréchal Concino Concini, donnant le pouvoir à Louis XIII est fait Maréchal de France et Louis XIII s’exclama « Vitry, tu m’as fait roi! »
Si l’exploitation du gypse sur le plateau de Vitry date des années 700, ce n’est qu’en 1675 qu’apparait sur un document la preuve de l’existence de plâtrières. Au XIXème siècle des mines d’argile et de calcaire ont aussi été exploitées. galeries qui furent exploitées au XXème siècle comme champignonnières pour la production du champignon de Paris. Les galeries sont en majorité comblées, mais une zone reste inconstructible sur le plateau et la commune y a amménagé le Parc des Lilas.
On note que dès 1677, un droit de passage est demandé au port de Langlois, ancien nom du Port à l’Anglais
Du Port-à-Langlois au Port-à-l’Anglais
la famille Langlois, serfs affranchis en 1280 par une charte de Notre-Dame-de-Paris avait une ferme au bord de la Seine à Vitry. Elle y construit un port sur sur la rive qui délimite leur propriété ou ils installent le premier bac qui permet de franchir la Seine. Par la suite ce Port-à-Langlois va devenir le Port-à-l’Anglois, puis son nom d’aujourd’hui Port-à-l’Anglais. Le pont du Port-à-l’Anglais, construit entre 1913 et 1928, a remplacé l’ancien bac et porte le nom de la famille Langlois qu’on retrouve aussi dans un autre secteur de la ville avec le Clos-Langlois.
Une plaque apposée dans l’église Saint Germain rappelle que ce XVIIème siècle fut touché par de nombreuses épidémies de peste qui décimèrent la population de Vitry. On peut y lire « Icy reposent les corps d’Antoine de La Loevre, vivant seigneur du Malay en Bourbonnais et de La Bretesche en Brie, mort de la peste, le 15e jour d’octobre de l’an 1631, enterré dans le cimetière de Vitry sur Seine, proche de la croix et de très noble dame Loyse Le Camus, sa femme aussi morte de la peste dans le même lieu le 17e jour d’octobre de l’an 1631, deux jours après son mary. Noble homme François de La Loevre, leur fils escuyer procureur en la chambre des comptes de Paris, a fait mettre cette épitaphe pour servir de monument, à la postérité du respect du respect qu’il avait pour leur mémoire. »
Le château de Vitry
Le château de Vitry a été bâti en 1712 par Robert de Cotte, pour le compte de François Paparel. De nombreux autres propriétaires s’y succédérent: Jacques-Marie de Vougny, mousquetaire du roi, François Gaspard Petit de Petit Val, riche financier qui y a fut assassiné avec six autres personnes dans la nuit du 20 au 21 avril 1796, le comte Dubois premier préfet de police de Napoléon 1er puis sa descendance jusqu’en 1901. Le Château fut démoli vers 1912.
Dès 1787, une municipalité est élue par les Vitriots payant des impôts. A cette époque, Vitry est un pays de culture, avec la culture du blé dans la plaine, alors que la vigne qui recouvrait une grande partie du coteau est peu à peu remplacée par des arbres fruitiers ou d’ornement et que la culture du lilas est en pleine expansion. donnant à Vitry le surnom de « Vitry aux arbres ».
Arrive la révolution, 1789 et les terres de l’église sont vendues. Après la réunification des 2 paroisses en 1797, l’église Saint Gervais et Saint Protais est détruite. Le village s’agrandit et compte désormais un peu moins de 2000 habitants. de plus en plus de parisiens viennent en fin de semaine à Vitry en villégiature.
Les pépinières sont de plus en plus nombreuses et c’est un pépiniériste, Jean-Honoré le Fèvre qui sera le premier à exercer les fonctions de premier magistrat de la commune, juste après la révolution, de 1790 à 1793. Ainsi, Les pépiniéristes vont prendre le pouvoir de la commune et le garder pendant plus d’un siècle.
Suite au découpage des départements le 15 janvier 1790, Vitry-sur-Seine se retrouve dans le district « Bourg-l’Egalité » de la commune de Bourg-la-Reine et est rattaché au canton de Villejuif.
Louis Nicolas Dubois, propriétaire du Château de Vitry est nommé premier préfet de police de Paris et occupe ce poste de 1800 à 1811 avant de devenir maire de Vitry de 1819 à 1821.
Les sources descendant du plateau ont permis, pendant de nombreux siècles, d’alimenter les fontaines publiques ainsi que certaines propriétés privées. Il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour que l’eau de la Seine commence à être distribuée dans la commune.
A cette époque deux moulins surplombent encore le plateau de Vitry. Le moulin de Saquet et le moulin Neuf qui est aussi appelé aussi moulin d’Argent Blanc. Les deux moulins à pivot seront détruits vers la fin du XIXe siècle.
La ville s’industrialise et dès 1839 est traversée par la ligne de chemin de fer Paris-Orléans, même si il faudra attendre 1860 pour que la gare de Vitry soit ouverte. La zone comprise entre la ligne de chemin de fer et la Seine se transforme peu à peu en véritable zone industrielle avec l’installation d’une usine de pâtes alimentaires puis en 1854 d’une usine de blanchiment de tissus.
1866, la population est désormais de 3745 habitants. Sur la Seine vient d’être construit le barrage écluse du Port-à-l’Anglais, facilitant la navigation sur la Seine de Vitry au barrage écluse d’Ablon.
Arrive la Commune de Paris, de redoutables combats se déroulent à la redoute du moulin de Saquet qui est occupé par les communards. Combats qui finissent dans un bain de sang avec 150 mort lors de la reprise du site par les versaillais dans la nuit du 3 mai 1871. Mais ce n’est rien à côté de la répression qui va suivre ont seront massacrés 15000 communards dont les corps sont jetés dans les fosses communes du Fort d’Ivry.
Après la commune, l’industrialisation de la ville est en pleine progression et la demande en logement est forte. La ville doit se développer pour accueuillir ses nouveaux habitants, en 1887 un bureau de poste est construit à Vitry Port suivi en 1898 par un 2ème bureau dans le centre ville, des lignes d’omnibus sont mises en service et les 2 premières lignes de tramway électriques Concorde-Bonneuil ainsi que Concorde-Choisy-le-Roi traversent la ville dès les années 1890, des écoles sont construites, et après l’arrivée du gaz en 1866 les habitants eurent accès au téléphone en 1894 et enfin à l’électricité en 1904.
Cette rapide urbanisation sera malheureusement stoppée net par la terrible crue de janvier 1910 où 8000 des 14000 habitants de Vitry vont se retrouver sans logements. La ligne de chemin de fer est aussi endommagée. Le château qui est aussi très endommagé et qui appartient à la commune depuis 1907 sera rasée en 1911-1912.
Arrive la première guerre mondiale, les usines de Vitry travaillent pour l’effort de guerre avec l’usine de blanchiment qui transforme son chlore en gaz de combat, les établissements poulenc frères qui produisent aussi des produits chimiques, les ateliers Brasier qui fabriquent des munitions, les établissements Chauvière qui fabriquent les hélices des avions et les établissements Bidault-Elion qui fondent le métal. L’activité est importante et l’octroi de Vitry-sur-Seine va voir transiter pendant la guerre une moyenne de 97000 tonnes de métaux par an.
Ville ouvrière et industrielle, Vitry fait partie de la Ceinture rouge et les maires communistes se succèdent alors qu’au milieu des années 20 se construisent les premiers grands ensembles
En 1930, va être construit dans le quartier du Port-à-l’Anglais la centrale électrique d’Arrighi.
la centrale électrique d’Arrighi
Mais cette histoire de Vitry et de l’électricité est beaucoup plus ancienne. En 1899, la Société de l’Est-Parisien Lumière installe une première usine, puis une seconde, l’usine Thomson en 1908, qui alimenteront principalement les réseaux du tramway. En 1919, l’Union d’électricité, qui unifie les réseaux de la région parisienne doit augmenter la production et va à son tour construire une nouvelle centrale qui va porter à titre d’hommage le nom de son ingénieur « concepteur technique » Jean Antoine Arrighi de Casanova qui meurt en 1932. La centrale Arrighi est mise en service fin 1931 et elle est à cette époque la centrale la plus puissante d’Europe. Elle sera en service jusqu’en 1985, puis démolie par implosion le 16 octobre 1991 et avril 1992 pour les derniers bâtiments. La centrale thermique fonctionnant au charbon et mis en service par EDF en 1966 a quand à elle fermé définitivement ses portes le 24 avril 2015, clôturant plus d’un siècle d’histoire d’amour entre Vitry et l’électricité.
La ZUP de Vitry-sur-Seine est crée le 8 mars 1960, et le projet prévoit la construction de 8930 nouveaux logements, en prévision d’une forte croissance démographique qui prévoit 120000 habitants. Si ce prévisionnel n’est pas atteint la population va doubler en 30 ans et atteint le chiffre de 88000 habitants en 1975.
Le 15 novembre 2005 est inauguré le MacVal, le musée d’art contemporain du val-de-Marne.
Ces dernières années la ville est en pleine transformation avec le projet Les Ardoines, une des plus grandes opérations d’aménagement du Grand Paris sur un territoire de 300 hectares situé en bord de Seine. Secteur où se trouvent les usines Sanofi et Air Liquide.
Pour en savoir plus sur ce projet je vous recommande de lire « les Ardoines, une mutation au long cours »
Une enquête publique aura lieue au 2ème semestre 2017 pour le futur projet de Port Urbain Haropa qui doit permettre au territoire de se développer tout en évitant d’augmenter le trafic routier par une offre de transport fluvial durable. D’une surface de 1.5 hectare le projet se compose d’un quai à usage partagé et d’un secteur pour l’installation d’entreprises du BTP qui pourront profiter du transport fluvial.
Album photos complet sur Gpmetropole Vitry-sur-Seine
Sources
Société d’Histoire de Vitry sur Seine, Centre Culturel 36 rue Audigeois-94 400 Vitry sur Seine
http://www.histoirevitry94.com/
»Les quartiers dans trois communes de la banlieue parisienne », Antoine Haumont, IAURIF, 1967
Archives Municipales, Hôtel de Ville, Vitry Sur Seine
Ville d’Ivry-sur-Seine http://www.mairie-vitry94.fr/
projet urbain d’Anne-marie Estèves et Sybille Müller Mars 2004