Mis à jour le samedi 18 février 2023 by Olivier Delahaye
Entretien avec Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris.
INTERVIEW. À la tête de la Société du Grand Paris depuis un an, Philippe Yvin fait ici le point sur l’avancée du Grand Paris Express. Études en cours, foncier, numérique et expo universelle…
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Vous avez été nommé il y a un an. Quelles difficultés inattendues avez-vous rencontré ?
Il n’y en n’a pas vraiment eu. Mais nous avons pu prendre l’ampleur de ce chantier qui est considérable. Je me suis aperçu qu’il fallait vraiment franchir les étapes les unes après les autres. Cette rigueur est d’autant plus nécessaire que le projet n’est pas entièrement connu. Le métro est essentiellement souterrain et les études géotechniques nous amènent à revoir sa configuration, que ce soit pour la profondeur des tunnels et des gares, tout comme pour le tracé lui-même qui peut varier en fonction des zones sensibles. Ce projet a besoin d’avancer techniquement phase par phase. Mais parallèlement, il faut franchir l’ensemble des étapes réglementaires qui sont fort nombreuses. Il y a tout un travail sur les études environnementales qui est décisif notamment pour la loi sur l’eau dans la mesure où le projet traverse des lacs et des fleuves. Il y a aussi tout l’aspect réglementaire concernant le défrichement, la protection de certaines espèces animales et végétales. La gestion environnementale du chantier doit être exemplaire et tout cela doit s’enchainer en même temps que nous préparons les permis de construire. Cette articulation est très compliquée. C’est un vrai travail d’horlogerie et de précision.
Comment se passe l’acquisition du foncier ?
Nous essayons de le faire aussi souvent que possible à l’amiable, en amont des déclarations d’utilité publique. Mais sur la ligne sud où nous avons obtenu la DUP fin décembre, nous continuons à acquérir à l’amiable jusqu’au moment où il faudra, si c’est nécessaire, avoir recours à des procédures d’expropriation. Comme nous sommes en tunnel, nous avons également un problème important concernant l’acquisition des tréfonds. En droit français, il faut acquérir les parcelles en sous-sol selon les mêmes procédures que pour un terrain. Là, nous avons obtenu une mesure très importante pour nous faciliter ces acquisitions. Dans la loi de transition énergétique qui va bientôt être définitivement adoptée, il y a la transformation de l’acquisition des tréfonds en servitude d’utilité publique. Cela signifie que dès lors que nous aurons la déclaration d’utilité publique, nous pourrons avoir la maitrise de ces parcelles en sous-sol sans avoir à les acquérir formellement. Il suffira d’une simple procédure d’indemnisation. Cette simplification va nous faire gagner beaucoup de temps.
Le projet avance à un bon rythme ?
Oui, le rythme est bon grâce à la collaboration très active des collectivités locales, notamment des villes.
Qu’attendez-vous de l’ouverture de vos données sur le site data.gouv.fr, et en quoi consistera votre programme d’innovation pour aider les entrepreneurs du numérique ?
La dimension numérique est l’un des points forts du projet. Cette partie numérique comporte plusieurs aspects dont l’installation d’un réseau de fibre à très haut débit qui permettra aux voyageurs d’avoir accès à internet. Mais il comporte aussi un programme d’innovation numérique pour encourager les entrepreneurs à développer de nouveaux projets dans le domaine de la mobilité. Comme ce programme va durer une quinzaine d’années, nous voulons y associer les jeunes générations et nous allons mettre en place un appel à projets pour soutenir, y compris financièrement, les créateurs. Comme entreprise publique, nous voulons être exemplaires dans le domaine de l’ouverture des données. Nous avons donc commencé à mettre en ligne ces données aussi bien pour permettre des études scientifiques que pour faciliter les projets des entrepreneurs.
En quoi le Grand Paris Express sera-t-il être une vitrine de la technologie française ?
Il l’est déjà ! En France, nous avons la chance de compter quelques-unes des meilleures sociétés d’ingénierie ferroviaire au monde comme Systra, Ingérop, Artelia qui travaillent déjà pour le Grand Paris qui représente environ 800 millions d’euros de marché. Plus de mille ingénieurs travaillent déjà pour la SGP. Cette ingénierie est une formidable carte de visite pour l’export au moment où le métro automatique se développe dans un grand nombre de métropoles. Demain, la fabrication de nouveaux matériels de transports sera l’occasion de montrer aussi une technologie performante.
A-t-on une idée du type de trains qui va circuler ?
Ce sera une nouvelle génération puisque sur les lignes 15, 16 et 17, le matériel sera entièrement nouveau. Les spécifications de ces trains sont en train d’être élaborées avec le STIF. Le marché concernant ce matériel sera lancé courant 2015.
L’exposition universelle serait couplée avec les nouvelles gares du Grand Paris. Votre avis ?
La SGP est l’une des entreprises partenaires de l’association Expo France 2025. Les gares du Grand Paris seraient des lieux importants pour développer les thématiques de l’exposition. Ce projet nous séduit d’autant plus qu’en 2025 nous aurons déjà ouvert plusieurs lignes importantes.
Un oeil sur les déchets
Ce mardi 24 mars, Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris (SGP), était entendu par la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée Nationale sur la question des déchets générés par la construction du Grand Paris Express.
Le chantier devrait générer « environ 40 millions de tonnes de déblais », a-t-il déclaré. Un chiffre « à affiner », puisque la SGP vient de se voir octroyer un tronçon supplémentaire, la ligne 15 Est (anciennement sous maitrise d’ouvrage du Stif), a précisé le patron de la SGP. Cela représente « 20 millions de m3 de terre à excaver à partir de 2016, début des gros travaux », a poursuivi Philippe Yvin, et « ce volume représente entre 10 et 20% de la production annuelle de déchets en Île-de-France, donc c’est un volume très important. »
Mais si on compare ce volume à celui des déchets de chantier produits chaque année en Île-de-France, le rapport monte à… 133%. En effet, les derniers chiffres de l’Observatoire régional des déchets d’Île-de-France (Ordif) montrent qu’en 2010 la région francilienne produisait 30 millions de tonnes de déchets de chantier.
Philippe Yvin a, par ailleurs, valorisé une démarche d’écoconception qui sera mise en œuvre autour des chantiers du Grand Paris Express, détaillant trois objectifs environnementaux prioritaires :
– privilégier les modes de transport fluvial et ferroviaire, pour réduire l’impact sur les riverains et l’environnement ;
– valoriser le maximum de terres excavées en transformant les déchets en matière première selon le principe de l’économie circulaire ;
– assurer une traçabilité rigoureuse des déblais à travers une chaîne de contrôle, incluant un dispositif d’analyse.
Que va devenir les trois autres departements laisses pour compte et la province ? car petsonne ne parle d investissements de la province et la grande couronne au niveau transports, sante et investissement dans l industrie et la formation